«Les données des taux butyreux (TB), protéiques (TP), cellulaire et d’urée dans le lait ne vont pas assez loin. En apparence, tout va bien, mais l’analyse et l’interprétation des acides gras mettent en évidence des dysfonctionnements métaboliques susceptibles d’affecter la santé des vaches », alerte Anthony Baslé, responsable marché robot et consultant nutrition chez Eilyps (1).
À titre d’exemple, dans un élevage testé, les indicateurs semblaient bons : un TB de 42,7 g/kg et un TP de 33,3 g/kg avec une ration classique (70 % d’ensilage de maïs, 30 % d’ensilage d’herbe, 4,5 kg de tourteau de colza). À la suite du contrôle de performances, l’analyse des acides gras a mis en évidence un déficit énergétique. L’ingestion de la ration par les vaches était insuffisante. L’éleveur a complémenté avec 1 kg d’orge, ce qui lui a permis de gagner 0,5 point de TB et 0,5 kg de lait par animal et par jour.
La matière grasse est le deuxième constituant solide du lait, après le lactose. Elle est composée de plus de 400 acides gras. La digestion de la ration et le métabolisme de l’animal influencent fortement la composition des acides gras. « Leur étude nous renseigne sur la qualité des composants de la ration, leur valorisation et sur le statut métabolique de l’animal, notamment le fonctionnement ruminal, la mobilisation corporelle ou le déficit énergétique », explique le consultant.
Eilyps, qui travaille sur le sujet depuis plusieurs années, avec d’autres organismes de contrôle de performances, a mis au point un outil d’interprétation des résultats. Celui-ci renseigne les paramètres de santé, de fonctionnement du rumen et de déficit énergétique du troupeau. Après un test de deux ans dans une vingtaine d’élevages, l’outil est déployé chez tous les adhérents depuis octobre dernier.
Évaluer l’impact économique
L’analyse est réalisée à partir de l’échantillon de lait. Elle est individuelle, mais la synthèse est faite au niveau du troupeau. L’éleveur peut trier les données en fonction du stade de lactation, de la race et, bientôt, du rang de lactation. Un historique des douze derniers contrôles permet d’observer les évolutions et de se comparer au groupe de référence (race et ration). « L’intérêt est de tirer très vite un bilan de ces analyses », poursuit Anthony Baslé. Une fois le diagnostic établi par l’outil, l’éleveur peut en calculer l’incidence économique, notamment la marge sur coût alimentaire, ou faire appel à son conseiller.« Demain, l’objectif sera d’aller plus loin dans le conseil, en déterminant le profil des fourrages pour savoir quel type d’acide gras ils peuvent apporter. »
Isabelle Lejas
(1) Organisme de conseil en élevage basé en Ille-et-Vilaine.