Chaque nouveau salon offre l’occasion de découvrir de nouveaux venus sur le marché du tracteur européen. Chinois, Coréens, Turcs et même Indiens, souvent leaders sur leur marché domestique, annoncent leur intention de se lancer à la conquête des exploitations françaises. Mais tous l’ont compris, il est difficile de se faire une place au soleil avec le prix pour seul argument dès que la puissance dépasse 70 ch. Quand la technologie, la qualité de finition et la notoriété des fournisseurs d’électronique, d’hydraulique et de moteurs ne sont pas au rendez-vous, il est impossible de s’implanter durablement sur notre marché. La solution pour se faire un nom et espérer recruter un réseau de concessionnaires est de produire en Europe, à partir de composants reconnus.

Difficultés pour Arbos

C’est la solution retenue par le tractoriste chinois Foton-Lovol, qui a créé la marque Arbos pour le marché européen. Le géant de l’empire du Milieu a choisi l’Italie comme base avancée et a mis la main sur l’usine de tracteurs spécialisés Goldoni. Armé d’une offre de 4 cylindres de plus de 120 ch et d’un catalogue bien étoffé de modèles spécialisés, Arbos commençait à mettre son réseau de distribution sur pied lorsque la situation s’est dégradée. Fin 2020, l’usine Goldoni a multiplié les recours pour se sauver, avant d’être déclarée en faillite. Deux industriels, l’un chinois et l’autre belge, seraient sur les rangs pour reprendre le site. Actuellement, Arbos n’a plus d’usine pour produire ses tracteurs européens.

Le spectre de Saint-Dizier

Cette situation n’est pas sans rappeler celle de l’usine de Saint-Dizier (Haute-Marne), rachetée par le tractoriste chinois Yto, d’où aucune gamme de tracteurs commercialisables n’est jamais sortie. Après des années de bataille pour trouver une solution, Yto a jeté l’éponge en 2020 et s’apprête à fermer définitivement ce site historique du machinisme français.