Pour la première fois, une femme est élue à la tête de la FNCuma. Éleveuse de limousines en agriculture biologique et installée sur 135 hectares dans l’Aveyron, Marine Boyer a dévoilé les grands chantiers de sa mandature lors du grand congrès du 3 juin 2025, qui a célébré les 80 ans du réseau coopératif.

S’adapter à la baisse du nombre d’exploitants

« Avec moins d’agricultrices et d’agriculteurs, et donc moins de Cuma, nous devons projeter et adapter notre outil fédératif pour qu’il serve toujours plus et mieux celles et ceux qui choisissent d’être en Cuma », annonce Marine Boyer. À court terme, cela implique de repenser le réseau Cuma et de développer de nouveaux modèles économiques pour les fédérations départementales et régionales.

Revoir la stratégie de mécanisation

Le plaidoyer des Cuma faisant la promotion d’une mécanisation responsable et de la réduction des charges associées à ce poste de dépenses a fait grand bruit dans le milieu du machinisme agricole, provoquant des réactions parfois virulentes de la part des constructeurs et des concessionnaires. Pour la présidente, ce plaidoyer a eu le mérite de mettre ce sujet souvent invisibilisé dans le débat public. « Il y a pour nous un enjeu “machine” derrière chaque enjeu agricole que ce soit, la compétitivité, la décarbonation, la santé des sols, la qualité de vie au travail, l’installation en agriculture ou encore le changement climatique. Nous nous félicitons d’avoir été entendus dans la création d’un module comprenant la mécanisation dans le nouveau diagnostic modulaire. »

Mais pour Marine Boyer, il faut aller encore plus loin et élaborer une nouvelle stratégie plus globale concernant le matériel. « C’est pourquoi nous demandons à Madame la Ministre de l’Agriculture, l’ouverture d’un Varenne de la machine avec l’ensemble des parties prenantes pour construire un cap politique commun sur la mécanisation de la ferme France », précise l’éleveuse.

Repenser la fiscalité

Pour Marine Boyer, le changement de cap sur la mécanisation passe par une refonte de la politique fiscale. « Aujourd’hui, la fiscalité de la machine est restée celle qui accompagnait les enjeux agricoles des années 1970. L’enjeu climatique est là. Loin de la grille de lecture des années Giscard, les pouvoirs publics devraient encourager les pratiques vertueuses de partage plutôt que le renouvellement accéléré des machines. Ce n’est ni bon pour le portefeuille des paysans, ni bon pour la planète. »

Cet objectif fait écho au plaidoyer pour une mécanisation responsable, qui préconise notamment, à périmètre budgétaire constant, de remodeler la fiscalité des agroéquipements pour « inciter aux pratiques vertueuses de partage des machines ». Actuellement, moins de 10 % du parc français est mutualisé, un fait que la FNCuma attribue à « une fiscalité favorable aux achats individuels de machines qui atteint 1,3 milliard d'euros ».

Un service civique agricole

Marine Boyer rappelle par ailleurs que les Cuma ont initié un service civique agricole, avec trois fédérations pilotes. L’objectif de sa mandature sera de déployer ce service civique, qui pourra au mieux susciter des vocations et au minimum permet de changer la vision de l’agriculture des jeunes qui seront passés par ce dispositif.

Le dernier chantier concerne la liberté d’entreprendre en Cuma et un encadrement trop strict pour la Présidente. « Une coopération de travail entre plusieurs personnes ne peut pas être figée par le droit. C’est pourtant aujourd’hui le constat que nous faisons quand dans des territoires comme l’Occitanie, des éleveurs veulent faire ensemble un petit atelier de découpe en Cuma pour vendre des volailles sur leurs fermes. La doctrine qui les régit aujourd’hui, adoptée lors du dernier mandat en 2022 en lien avec le Haut Conseil de La Coopération Agricole, allant beaucoup plus loin que la loi, enferme les Cuma et derrière elles les agriculteurs et agricultrices qui ont des projets collectifs. Il nous faut remettre en cause la théorie face au terrain. »