«Je voulais démarrer la production de lait de chèvre dans de bonnes conditions, insiste Thomas Maurice, installé à Aubaine, en Côte-d’Or. C’est pourquoi j’ai opté pour un bâtiment confortable pour loger quarante chèvres de Lorraine. » Avec le hangar de stockage et le local pour la transformation du lait, l’installation a coûté près de 165 000 €. Une somme importante pour le jeune exploitant, installé hors cadre familial.

Avec son épouse Fanny, qui suit le projet de près, ils ont dû acheter en plus 17 ha de foncier et le cheptel. Grâce aux installations rapidement opérationnelles, ils ont pu commencer à vendre des fromages rapidement.

Le bâtiment pour loger les chèvres est un bipente. Il comprend six travées de 5 m de large. Trois sont consacrées au logement du troupeau, et trois au stockage des fourrages. La construction en bois s’intègre bien dans le paysage. Du côté des animaux, le toit est isolé en panneaux sandwich. Cela protège du froid, mais surtout de la chaleur pendant l’été. « Ces panneaux évitent la condensation », ajoute Thomas. En revanche, ils empêchent la lumière de pénétrer. Pour conserver une bonne luminosité dans le bâtiment, Thomas a donc installé des panneaux translucides sur les longs pans. Ils mesurent 1,5 m sur les 4 m de hauteur sous sablière(1). Le reste est constitué d’un bardage bois. Une planche en contre-plaqué, de 1 m de haut, posée sur la partie basse à l’intérieur, joue également un rôle d’isolant.

Bonne ventilation

Pour une bonne ventilation, les panneaux translucides sont décalés par rapport au bardage inférieur. L’air peut entrer par en dessous. Il s’immisce sans générer de courant d’air sur les animaux. « La faîtière ouverte au sommet du toit favorise aussi les échanges avec l’extérieur, tout comme l’orientation est-ouest des longs pans », souligne Édouard Benayas, conseiller bâtiment à la chambre d’agriculture.

L’aménagement à l’intérieur, réalisé à moindre coût, a permis à Thomas d’organiser le travail facilement. L’aire paillée des 40 chèvres forme un « U ». Le foin est déroulé au milieu et apporté dans les auges. Pour la traite, Thomas dispose de quatre postes installés près de l’aire paillée, à l’extrémité de l’une des branches du « U ». « J’ai fabriqué une rampe d’accès avec des matériaux de récupération », précise-t-il. Avant la traite, les chèvres sont regroupées sur l’aire paillée située à l’autre extrémité du « U ». Thomas installe ensuite un couloir grâce à des barrières pour que les chèvres rejoignent l’espace de traite. Le lait est collecté dans une petite cuve. Posée sur un chariot à roulettes, elle est facilement déplaçable jusqu’à l’espace de transformation. « La traite me prend une heure chaque jour, explique Thomas. L’installation d’un lactoduc n’est pas une priorité pour l’instant. »

Les améliorations, Thomas les envisage davantage du côté de la fromagerie. L’espace est fonctionnel, mais un peu étroit. « J’aimerais installer une cave avec de plus grandes armoires pour l’affinage, ou même un local pour la vente », détaille-t-il.

Épandage limité

Dans le souci d’un plus grand respect de l’environnement, Thomas a également mis en place un filtre composé de deux bassins plantés de roseaux pour traiter les eaux blanches de la salle de traite et de l’atelier de transformation. Cet équipement ne convient pas pour recycler le lactosérum, ni le lait, ni aucune déjection animale, mais il limite les épandages.

« Trois travées du bâtiment offrent la possibilité de stocker les concentrés », indique Thomas. L’espace abrite aussi un mobil-home apprécié par les époux, car ils habitent à une dizaine de kilomètres du site d’exploitation. Il leur permet de rester sur place pour gérer les mises bas, par exemple. « Mais ces trois travées offrent un espace encore trop petit, regrette Thomas. J’aimerais pouvoir y loger le matériel, le tracteur ou la presse. »

À côté, un tunnel est réservé au stockage du foin. « C’est une solution moins coûteuse que nous avons écartée d’emblée pour le logement des animaux, car le travail à l’intérieur est plus contraignant. La circulation sur les côtés n’est pas facile. » L’édifice est également moins durable. Les bâches sont à changer au bout de dix ans.

(1) Pièce de bois horizontale qui reçoit l’extrémité inférieure des chevrons dans un pan de toiture.