Jusqu’alors habitué à mélanger des variétés de colza pour leur intérêt agronomique, Sébastien Christophe a opté l’an dernier pour la première association variétale de blé tendre, proposée par Soufflet, son négoce. « Cela correspondait à mes attentes, car j’ai remarqué que les variétés de colza interagissaient entre elles. Il y a une réelle synergie : une variété vient compenser le manque des autres, en fonction des événements climatiques et de la pression maladie », explique Sébastien.

L’exploitant a également misé sur la réduction des interventions – engrais et produits phytosanitaires – à réaliser. En effet, avec 30 hectares de vignes, qui représentent une grosse part de son revenu, il a moins de temps à consacrer aux grandes cultures.

Cette année, l’agriculteur a semé à nouveau 10 ha du mélange Moulins Soufflet (MMS) 2019. Il est composé de cinq variétés certifiées panifiables : LG Absalon, Calumet, Fructidor, Némo et Orégrain, sélectionnées par le négoce (voir encadré). Sébastien garde aussi 10 ha de Sépia, une variété pure, car tous les ans, il teste des nouveautés afin d’observer leur comportent. Mais il ne souhaite pas non plus mettre tous ses œufs dans le même panier : « Je vise la sécurité ! »

Bande surfertilisée

Le MMS se conduit comme un autre blé. Il a été semé le 20 octobre dernier et Sépia le 22 octobre. Soufflet indique que le poids de mille grains moyen est de 47 g et propose un tableau récapitulatif de leurs principales caractéristiques agronomiques pour permettre un meilleur suivi. « Nous n’avons pas eu de grosse pression maladies durant la campagne 2017-2018, précise l’agriculteur. Toutefois, avec un printemps humide, mon blé sur blé, de variété Cellule,a nécessité un traitement fongicide supplémentaire pour venir à bout de la fusariose. » De plus, là où la variété Némo a subi des attaques de rouille jaune, le MMS, qui en contient, en a été exempt.

Les cinq blés qui composent le mélange sont tolérants au chlortoluron, un herbicide employé en automne, qui entre souvent dans les programmes antigraminées. Certaines variétés sont tolérantes à la cécidomyies, un insecte qui a déjà fait des dégâts à la ferme des Carrières. Par ailleurs, le MMS est intéressant vis-à-vis de la verse.

La seule réelle différence tient au pilotage de l’azote. En zone vulnérable, l’agriculteur réalise un plan de fumure, ainsi que des reliquats sortie hiver, et ajuste le troisième apport à l’aide de la pince N-Tester. Toutefois, s’agissant d’un mélange, le négoce recommande de renseigner l’outil d’aide à la décision, en optant pour « autre variété », et de mettre en place une bande surfertilisée lors du deuxième apport, pour bien étalonner l’appareil.

Débouché connu

Avec un rendement de 70 q/ha, Sébastien n’a pas observé de différences significatives entre le MMS et les deux autres variétés, qu’il a produites au cours de la campagne précédente. « Je manque encore de recul, mais j’avais 20 ha de mélange Soufflet en prestation, qui ont fait 10-15 % de plus. Peut-être est-ce dû à des conditions climatiques plus favorables que chez moi ? », interroge-t-il.

Quoi qu’il en soit, l’exploitant ne cherche pas à atteindre un rendement record, mais il souhaite garantir une qualité et un rendement réguliers. Ainsi, les essais menés par Soufflet dans son département, sur le même type de terre, montrent un rendement de 70,6 q/ha, là où la meilleure variété a fait 78,7 q/ha et la moins bonne 60,2 q/ha. En termes de qualité, le poids spécifique du MMS 2018 était de 81 kg/hl et le taux de protéines de 12,1 %.

S’il existe une liberté totale pour le mode de commercialisation lorsque l’on produit le MMS, Sébastien Christophe a opté pour le contrat Soufflet Optimum Baguépi, basé sur la norme NF V30-001 (1). Il bénéficie ainsi d’un prix minimum indexé sur Euronext, mais aussi de 7,5 €/t de prime en plus (voir l’infographie). « Le MMS étant sécurisé, je me dégage une marge supplémentaire, conclut Sébastien Christophe. Simple à mettre en œuvre, il ne nécessite pas trop d’intrants, et la qualité est au rendez-vous. »

(1) Bonnes pratiques de culture et de stockage à la ferme des céréales.