Trouver un débouché valorisant pour les mâles issus du troupeau bio, tel était en 2009 l’objectif du Gaec du Petit pont, engagé en production biologique depuis 2001. « Le choix s’est porté sur le veau, « beaucoup plus intéressant financièrement que les broutards conventionnels », estime Benoit Bruneau, un des trois associés. Dix ans plus tard, le Gaec, situé à Montreuil-sur-Loir, dans le Maine-et-Loire, produit une centaine de veaux par an, issus d’un cheptel de 160 mères limousines. Les animaux, à 80 % des mâles, sont en grande majorité commercialisés via Unébio. « Nous vendons également une dizaine de bovins d’élevage, mais c’est plus pour le plaisir, car un veau bio de six mois est plus rémunérateur qu’un reproducteur de dix-huit mois », ajoute l’éleveur.
Autour de six mois, les veaux pèsent en moyenne 161 kg de carcasse (kgc). Ils se négocient environ 7,12 €/kgc, alors que la moyenne des veaux Unébio se situe entre 6,40 et 6,70 €/kgc. Pour bénéficier de ce niveau de rémunération, les éleveurs sont très attentifs à produire des animaux en adéquation avec la demande de la filière (lire l’encadré). La conformation ne leur pose pas de problème (99 % de classes U ou E). « Le plus compliqué est d’obtenir des veaux suffisamment gras, explique Benoit. Pour cela, nous faisons en sorte que les croissances soient régulières et nous portons une attention particulière à la finition. Nous cherchons aussi à sélectionner des souches plus précoces. »
Pesées fréquentes
Les vêlages ont lieu en septembre-octobre et en février-mars. Une double période compatible avec un objectif d’âge de trente mois au premier vêlage. Les veaux naissent en bâtiment. Ils sont systématiquement vaccinés contre la grippe et les diarrhées néonatales. Les éleveurs les pèsent et les engagent auprès d’Unébio.
Les animaux nés en fin d’hiver sortent dès que la météo et le niveau du Loir le permettent. Les meilleures parcelles sont réservées aux couples mère-veau, répartis en cinq lots, selon le sexe et la date de vêlage. La pratique d’un pâturage tournant « rapide », avec parfois l’utilisation d’un fil, permet d’offrir aux animaux un maximum d’herbe de qualité.
Vaches et veaux rentrent en bâtiment durant la seconde quinzaine de mai. Commence alors une phase de finition. « De nombreux éleveurs pensent que le lait de la mère et l’herbe suffisent pour obtenir de bons veaux bio, mais ce n’est pas toujours le cas », souligne Tryphina Durel, responsable achats chez Unébio. Durant les trois mois de finition, les veaux ont à disposition du foin, et sont complémentés avec un mélange composé à 60 % de triticale-pois fourrager et à 40 % de féverole. Les quantités distribuées augmentent progressivement de 1 à 3 kg par jour. Le gain de croissance journalier atteint2 kg. En prévention des troubles digestifs liés à l’introduction de céréales dans leur alimentation, les animaux reçoivent une petite quantité d’argile dès l’âge de trois mois.
Les veaux sont pesés fréquemment, afin de fournir un prévisionnel de sortie à Unébio au 15 juillet. Durant la dernière ligne droite, les pesées sont hebdomadaires, pour affiner ce planning. À partir du 15 août, les premiers veaux sont apportés par lot à l’abattoir de Cholet, situé à une heure de route. Les individus trop décalés ou ne correspondant pas aux objectifs de poids sont valorisés en vente directe.
Génotypage
Une grande attention est portée aux mères. « Nous maximisons leur production laitière, car le lait est un aliment efficace pour obtenir des veaux relativement clairs et gras, explique Benoit. Nous ne souhaitons pas compliquer notre système avec le recours à des tantes, qui sont plus coûteuses à entretenir. Quant à la poudre de lait bio, son prix est rédhibitoire. »
Pour soutenir la production laitière, les vaches suitées en bâtiment reçoivent 11 kg bruts d’ensilage de maïs, 9 kg de luzerne enrubannée et 4 kg de foin.
Sur le plan génétique, les éleveurs sélectionnent des génisses de renouvellement à fort potentiel laitier. « Nous génotypons toutes les femelles que nous pensons adaptées. Il nous en coûte 60 € par animal, mais cela vaut le coup. Les performances des veaux nous permettent d’affiner nos choix par la suite. » Afin d‘avoir des vaches toujours en état, les gabarits modérés sont privilégiés (400 kgc à la réforme).