Les œufs de la Maison Quintard sont achetés entre 16,5 et 18,5 centimes l’unité par les distributeurs au détail. « Cette activité rencontre un fort succès et nous venons de mettre en place un second poulailler chez un éleveur de la région, avec la signature d’un contrat de rachat des œufs », se félicite Anthony Quintard.
La production d’œufs de poules élevées en plein air a débuté en 2008, à l’installation de sa sœur Magali. À cette époque, l’entreprise livrait 30 000 volailles à des vendeurs au détail. « Nous voulions élargir notre gamme de produits, explique-t-elle. Personne ne produisait d’œufs de plein air en Aveyron, il y avait donc un marché à prendre. »
« Aujourd’hui, la moitié des œufs part en grandes et moyennes surfaces (GMS), expose Anthony. Nous livrons aussi des petites épiceries, quelques bouchers et pâtissiers, et un grossiste. Presque tous les points de vente sont situés en Aveyron et 80 % d’entre eux sont dans un rayon de 30 km autour de l’exploitation. » Avec une cinquantaine d’acheteurs réguliers, le démarchage n’est plus d’actualité, « ce sont les clients qui viennent vers nous ». Les œufs étaient au départ proposés en complément des volailles de chair. « Puis la tendance s’est inversée, constate Anthony. Les GMS nous achètent d’abord des œufs, puis s’intéressent à nos volailles. » Une clientèle spécifique « œuf » s’est également développée et absorbe plus de 50 % de la production.
Garantir les commandes
Le livreur, salarié de la SARL, effectue huit tournées hebdomadaires. C’est la mutualisation des livraisons qui a rendu possible la vente d’œufs directement aux distributeurs. « Les frais de transport ramenés uniquement aux œufs seraient trop importants », assure Anthony. « Contrairement à l’idée que l’on pourrait s’en faire, les GMS sont des clients comme les autres, affirme-t-il. Nous avons avec elles la même politique de prix et de livraison qu’avec nos autres clients. La seule différence est la signature annuelle d’accords commerciaux. »
L’une des difficultés liées au système de commercialisation est la gestion de l’offre et de la demande. « Les volumes commandés sont plus importants en été et moindres au printemps », constate Valérie. La SARL achète donc régulièrement des œufs à des producteurs ayant une conduite d’élevage similaire, pour compléter les commandes.
En interne, tout est fait pour lisser la production. Deux lots de 2 000 pondeuses sont élevés dans deux salles distinctes. Chacun reste en production durant un an. Une nouvelle mise en place a lieu tous les six mois. Lorsqu’une salle est en période de vide sanitaire, l’autre tourne à plein régime. « Il nous arrive de ne pas être en mesure d’honorer la totalité de la commande mais c’est extrêmement rare », précise Valérie.
« Notre premier argument de vente est que nous sommes des producteurs du coin, explique Anthony. Le rayon « produits locaux » des GMS s’est agrandi ces derniers temps et nous avons profité du phénomène. Nous mettons en avant les bonnes conditions d’élevage dont bénéficient nos poules. Notre ferme est ouverte à la visite toute l’année sur rendez-vous. »
Se différencier
Pour aller plus loin dans la différenciation de leur produit, les éleveurs ont récemment fait le choix d’intégrer la démarche Bleu-Blanc-Cœur. Le but est de garantir aux consommateurs des œufs avec un rapport Oméga 3/Oméga 6 proche des recommandations, le plus souvent par ajout de lin dans la ration. « C’est la seule façon d’améliorer la qualité nutritionnelle d’un œuf, justifie Anthony. Ce qui nous a séduits, c’est le volet santé. La démarcation commerciale est venue en second. » L’exploitation s’est équipée d’une fabrique d’aliment pour avoir une maîtrise totale de ce poste. « Depuis que nous l’avons, nous atteignons un taux de ponte de 95 %, se félicite Magali. » Le dispositif permet aux éleveurs de choisir les matières premières, ainsi que la granulométrie de chaque céréale grâce à un broyeur à disque.
Afin de ne pas décevoir les clients, la Maison Quintard est très attentive à l’aspect visuel des œufs. Le tri est drastique et le taux de déclassement peut atteindre 6 % en fin de ponte. Les œufs sont livrés extra-frais, une semaine maximum après leur ramassage. « Nous nous sommes adaptés aux demandes des GMS, en élargissant notre gamme à des boîtes de 12 et à des palettes de 30 œufs, décrit Valérie. Nous finançons également quelques animations en magasin pour mettre en avant notre production lors de la Chandeleur. »