En 2010, David Baquet, entrepreneur agricole d’origine néerlandaise, achète une ferme à Rebréchien, dans le Loiret. Il commence par semer les trois cultures majoritaires dans la région (colza, blé, orge). Comme son prédécesseur, il effectue trois passages : un labour ou un décompactage, un passage de herse rotative pour niveler et un passage de herse rotative avec un semoir. Mais il se heurte à des terres très argileuses, collantes et froides. « À l’automne 2010, j’ai tenté de décompacter et de semer du blé à la volée derrière un maïs. Cela a été une catastrophe ! », se souvient-il. L’agriculteur opte pour un changement radical. Il diversifie sa rotation en cherchant de nouveaux contrats, décale la date de semis en associant plusieurs engins et combine désherbage mécanique et chimique. Résultat après trois ans de mise en œuvre : les rendements sont plus élevés et la qualité haut de gamme permet de tirer les prix à la hausse. Le désherbage est efficace, même s’il y a encore quelques vulpins et des ray-grass, difficiles à éliminer.

Des contrats de qualité

Avant d’atteindre presque un tiers de sa surface en cultures de printemps, David a enfilé sa casquette de commercial. Il a démarché plusieurs meuniers et industriels. « Pour le maïs, j’ai d’abord frappé aux portes des coopératives et des négoces français, mais les prix étaient trop bas, raconte-t-il. J’ai donc pris contact avec ceux de Belgique et des Pays-Bas. Un moulin néerlandais recherchait une qualité haut de gamme, constante et homogène. Nous avons fait affaire. Le cahier des charges est très strict. S’il y a erreur de qualité, le lot est complètement refusé et les frais de transport sont à ma charge ! »

L’exploitant cultive également des betteraves sucrières, il est un des rares dans le secteur. Il travaille aussi avec des organismes stockeurs locaux.

Date de semis retardée

Pour assurer ses contrats et implanter correctement ses cultures, David doit maîtriser la structure de ses sols, même en situation humide. En 2011, il conçoit un engin qui lui permet de faire le travail du sol et le semis en un seul passage. Pour ce faire, il combine une bêcheuse (de type bêche), une herse rotative et un semoir, le tout attelé à l’arrière d’un puissant tracteur (300 ch). Les quatorze bêches fissurent la semelle et arrachent les mottes de terre. En tournant, l’eau s’infiltre dans la terre. La dose totale d’azote, fractionnée en quatre, voire cinq apports, est mieux valorisée sur cette structure de sol saine.

Sur du blé, semé en conditions humides, la différence de rendement est flagrante : autour de 80 q/ha en 2013 contre 51 q en 2010, le taux de protéine oscille entre 11,3 et 12,3 % et le poids spécifique entre 78 et 83 kg/hl. David peut ainsi entrer tard dans ses champs et repousser au maximum la date de semis. En 2013, année très humide, il a semé du blé jusqu’à la veille de Noël ! Dans certaines conditions très difficiles, il remplace le semoir par une deuxième herse rotative et sème à la volée. Cependant, David relativise ses résultats : « Dans de bonnes conditions climatiques, la différence entre une bêcheuse et un décompacteur est moindre. En 2015, avec la sécheresse, mon rendement en blé a été pénalisé par le semis tardif. J’ai obtenu 67 q/ha, contre 76 q/ha dans l’ensemble du Loiret. »

Chimie et bineuse

David Baquet utilise aussi la bêcheuse et la herse rotative en automne pour préparer les terres avant les cultures de printemps, puis pratique un désherbage mécanique au printemps. Pour le maïs, par exemple, en 2015, il a essayé, sur deux parcelles, de ne pas utiliser de traitement chimique. Il a investi dans une herse étrille en copropriété en 2014, dans une bineuse de 12 rangs pour les betteraves et une bineuse de 6 rangs pour le maïs. Après l’implantation mi-avril, il effectue un premier passage de bineuse à 3 feuilles. L’engin circule dans les traces du semoir et réduit les dégâts de structure du sol. Il réchauffe également rapidement le sol.

Dans les betteraves, l’exploitant commence par deux passages de désherbant chimique à faible dose, pour ne pas abîmer les jeunes pousses, et poursuit avec des passages de herses étrilles et de bineuse. Il semble satisfait : « Il est impossible d’arriver à ce résultat d’efficacité sur le ray-grass en n’utilisant que le chimique. Il faut arriver à un bon équilibre entre les deux pratiques. »

Pour l’instant, David ne pratique pas le désherbage mécanique dans le blé. Il craint qu’en écartant davantage les rangs, son rendement diminue. En investissant dans une autre bineuse, il pourrait résoudre ce problème.