« La conservation des ressources génétiques végétales a un coût, mais une variété qui n’est pas utile aujourd’hui pourrait l’être demain, a estimé Stéphane Crozat, éthnobotaniste, directeur du CRBA (1) et vice-président de la section de la diversité des semences de Semae, le 28 février 2024 lors d’une conférence de presse au Salon de l’agriculture. C’est une brique pour répondre aux défis climatique et sociétal qui nous attendent. Il y a pour cela une diversité d’acteurs qui entrent en jeu et qu’il faut impérativement mettre autour de la table. »

Pour « créer de nouvelles variétés »

Cette section de la diversité des semences a été créée par Semae en 2022, dans le but « de promouvoir toutes les semences pour tous les usages et toutes les agricultures sans les opposer ». « Ce patrimoine peut servir à créer de nouvelles variétés, il y a donc un réel enjeu à le préserver, a abondé Virginie Bertoux, secrétaire général au CTPS (comité technique permanent de la sélection des plantes cultivées), qui appuie le ministère dans sa stratégie de gestion des ressources génétiques. Beaucoup d’essais sont mis en place pour décrire les variétés anciennes et identifier de potentiels gènes d’intérêt pour la recherche de nouvelles variétés. »​​​​​

Inscription des variétés anciennes facilitée

Semae indique engager 100 000 euros par an pour « conserver, enrichir et diffuser » des ressources génétiques dans le cadre du fonds de dotation « collections et biodiversité ». Par ailleurs, l’inscription de variétés anciennes au catalogue officiel est facilitée. « Par un processus allégé d’abord, mais aussi financièrement avec un reste à charge nul pour l’organisme qui fait la démarche. Cette dernière est, dans ce cas, financée par le ministère de l’Agriculture ou Semae », explique Virginie Bertoux.

Stéphane Crozat a rappelé que, selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), 70 % des ressources génétiques mondiales ont été perdues depuis la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, quinze espèces fournissent 90 % des ressources alimentaires mondiales.

Raphaëlle Borget

(1) Centre de ressources de botanique appliquée.