Après avoir autorisé L214 à manifester dans les rues de Quimper en fin d’après-midi le 31 octobre, la préfecture du Finistère a fait hier machine arrière.
« Par voie de presse, explique un communiqué publié sur Facebook, la préfecture a été informée de la teneur exacte de cette manifestation, désormais appelée défilé macabre. » Les moyens utilisés, selon le préfet, seraient « de nature à entraîner des troubles à l’ordre public ».
Un problème de léger décalage
« On a pris un nouvel arrêté, explique M. Lequerré, directeur de la sécurité à la préfecture, parce qu’on nous a mis devant le fait accompli. » Ce sont les journalistes du Télégramme qui ont alerté les services de la préfecture, en relayant un communiqué publié par l’antenne locale de L214.
Le texte publié par l’association annonçait ainsi « une ambiance sonore à glacer le sang », et des images « dépassant les pires scénarios de films d’épouvante ». Or, la demande d’autorisation de manifestation déposée par l’association le 20 octobre dernier faisait état d’un simple tractage, avec un défilé dans les rues du quartier historique.
« Ce n’est pas sur l’objet même que porte l’interdiction, explique M. Lequerré, mais sur le décalage entre la demande et l’événement tel que décrit dans la presse. » Aucune raison alors, selon la préfecture, d’autoriser une opération « grand-guignolesque, provocatrice, avec bande-son et images trash ».
Faisant suite à la publication de ce communiqué, la représentante locale de L214 a été invitée le 29 octobre à venir rencontrer les services de la préfecture, mais elle a décliné. Le rendez-vous, cependant, n’aurait constitué qu’un rappel à la déclaration initiale. « Nous n’aurions pas été en mesure de lui délivrer un récépissé, explique M. Lequerré, le délai de trois jours francs pour le dépôt pour une nouvelle demande était déjà dépassé. »
Une opération nationale
Pour Barbara Boyer, responsable de la communication pour L214 au niveau national, la sanction est démesurée. « On ne veut rien faire de plus qu’informer les gens en distribuant des tracts », explique-t-elle. L’opération serait organisée, d’après l’association, dans l’esprit de toutes ses autres actions, sans moyens particulièrement spectaculaires. « On se sert du prétexte des horreurs d’Halloween, ajoute Mme Boyer, pour dénoncer les horreurs dans les abattoirs. »
La marche prévue à Quimper n’est pas un événement isolé, mais une initiative nationale. Les outils de communication utilisés par les manifestants en Bretagne auraient donc, selon l’association, été identiques à ceux utilisés dans le reste de la France. « C’est une action destinée au grand public, précise-t-elle, nous marcherons dans les grandes rues, mais rien, évidemment, ne sera fait contre les commerçants. »
Ainsi, en l’absence de contre-ordre préfectoral à Lille, Amiens, Biarritz, Lyon, Marseille, Grenoble, ou Clermont-Ferrand, les « défilés macabres » auront bien lieu. « Nous attendons entre dix et trente participants selon les villes », explique Barbara Boyer. Des événements similaires avaient déjà été organisés l’an passé sur tout le territoire.