Depuis le Brexit, le Royaume-Uni a conclu de nouveaux accords commerciaux avec des pays tiers, dans le but de compenser la perte de certains marchés au niveau européen. C’est le cas de l’accord signé avec l’Australie. Il permettra aux agriculteurs australiens d’accéder au marché britannique, sans droits de douane. Ces derniers seront ramenés progressivement à zéro, d’ici à dix ans pour les bovins et ovins, et huit ans pour le sucre.
Standards de production différents
Les agriculteurs britanniques craignent que l’accord ne les affecte durement d’un point de vue financier. Ils ont souligné qu’en Australie, les conditions de production des bovins ne sont pas les mêmes, notamment en ce qui concerne le bien-être animal, l’utilisation d’hormones de croissance ou d’additifs alimentaires, et qu’il y a aussi des différences dans les tailles des exploitations. Environ 65 % des exploitations australiennes comptent entre 100 et 400 têtes de bétail et celles de plus de 5 400 animaux représentent 30 % des bovins viande du pays, alors qu’au Royaume-Uni, le troupeau moyen compte environ 27 animaux. Certains producteurs estiment également que cet accord pourrait être une porte ouverte pour justifier la conclusion d’autres accords avec de nouvelles grandes nations d’élevage.
Dans le cadre de celui avec l’Australie, le pays a exporté 45,7 millions de livres sterling (1) d’agneau et de mouton et 4,3 millions de livres sterling de bœuf au Royaume-Uni en 2020. En vertu du nouveau contrat, 35 000 tonnes pourront entrer au Royaume-Uni sans droits de douane. D’ici à dix ans ans, ce quota passera à 110 000 tonnes.
Inquiétude en Irlande du Nord
Le ministre de l’Agriculture d’Irlande du Nord, Edwin Poots, est inquiet. Pour lui, les protections tarifaires devraient être maintenues au niveau actuel pour tous les produits agricoles pour lesquels le Royaume-Uni a un potentiel de production important : « Les produits australiens de bœuf et de mouton ont le potentiel de saper les agriculteurs britanniques et de réduire la part de marché de l’Irlande du Nord en Grande-Bretagne, qui est notre débouché le plus important pour ces produits. »
Optimisme côté australien
« Diversifier les marchés et développer les exportations de produits à haute valeur ajoutée est une grande opportunité pour les Australiens. Les accords de libre-échange sur un marché mondial seront une bonne chose à la fois pour les producteurs britanniques et australiens », se réjouit Mark Davie, éleveur de bovins dans le Queensland, et dirigeant d’une entreprise de transformation de viande. Il estime que les producteurs britanniques n’ont rien à craindre : « Cet accord va donner accès à de meilleures opportunités au Royaume-Uni et aidera le pays à pénétrer sur les marchés d’Asie. Il y a d’énormes opportunités pour les protéines animales en Asie. » Chris McCullough
(1) 1 livre sterling =1,17 euro.