Difficile de repérer les animaux en chaleur durant les épisodes de canicule. Lorsqu'il fait chaud, les phases d’œstrus peuvent se faire rares. Entre diminution de l'ingestion, fatigue et bouleversements de la sécrétion des hormones sexuelles, la régularité des cycles peut être mise à mal.

Pour Gérard Bernard, responsable du suivi de la reproduction chez Gènes Diffusion, la baisse des performances par temps chaud relève aussi d'une détection plus difficile des chaleurs. Lorsque l'indice de température et d'humidité (THI) est élevé, le comportement des vaches change. « Comme nous, elles sont fatiguées et passent plus de temps couchées. » Les chevauchements caractéristiques se font donc plus rares.

Le détecteur de chaleur peut alors être un allié de taille, à condition qu’il soit bien réglé. La plupart des équipements se basent sur l’analyse des mouvements de l’animal. Mais lorsqu’il fait chaud, les bovins ont tendance à moins bouger. « Il peut être judicieux de bien étalonner les seuils de détection pour ne pas passer à côté de chaleurs discrètes », avise Gérard Bernard.

Maintenir les inséminations

Selon le spécialiste, mieux vaut continuer les inséminations malgré les fortes chaleurs. D’abord pour ne pas bouleverser le planning de reproduction. Mais surtout, parce que les ovocytes libérés proviennent d’une maturation antérieure à la période de stress thermique. « Si l’animal n’a pas subi de stress durant les semaines précédentes, l’ovocyte sera de bonne qualité. Si une vache vient en chaleur, il n'y a pas trop de questions à se poser : elle est en forme. »

Dans les semaines suivant un épisode de fortes températures, la situation est toute autre. D’après le Cniel, une chute de 10 à 30 points des taux de non-retour à 90 jours sont constatés à la suite d'un stress thermique. « La baisse de la fertilité s’observe généralement quelques semaines après la fin des périodes  caniculaires », observe Gérard Bernard. La folliculogenèse (phase de maturation des ovocytes dans les follicules) est notamment affectée. Les ovocytes en formation durant les vagues de chaleurs, puis libérés lors des cycles suivants peuvent ainsi être altérés.

Mais la baisse de la fertilité n’est pas une fatalité. Les performances à la reproduction en sortie d’été sont assez disparates selon les troupeaux, et « les conditions environnementales y sont pour beaucoup ». Adapter son bâtiment pour limiter le stress thermique est donc le premier levier à activer pour préserver la fertilité. « Les éleveurs commencent à connaître ces problématiques et ont aménagé leurs stabulations pour qu’elles restent confortables », assure Gérard Bernard. D’autres pistes sont également à explorer. « Si l’on pratique le transfert d’embryon, il peut être judicieux de les implanter après un épisode de fortes chaleur. » Une manière d’éviter d’inséminer une vache ayant des ovocytes de moindre qualité.