« Les colzas semblent avoir mieux fait face aux attaques de grosses altises que l’an dernier », signale Céline Robert, chez Terres Inovia. Cela s’explique par la présence de plantes plutôt vigoureuses, avec une forte biomasse. Toutefois, dans certains secteurs l’insecte a été préjudiciable. C’est notamment le cas dans la région Poitou-Charentes-Vendée-Limousin où certains colzas, qui étaient dans le sec, ou semés tardivement, ont été très exposés.
Vigilance jusqu’à 4 feuilles
Pour suivre l’arrivée des adultes, qui peut être échelonnée, il faut enterrer des cuvettes jaunes dès le semis. « On sera très vigilant tant que le colza n’a pas atteint 4 feuilles, car il est alors très sensible aux prélèvements foliaires par les adultes », ajoute la spécialiste. L’intervention contre les adultes ne se décide qu’après l’observation des attaques sur plantes, et non des captures. D’ailleurs, la lutte n’est à envisager que si la survie de la culture est en jeu. Pour avoir une idée plus précise du risque, il est possible de consulter l’outil d’aide à la décision (OAD) : « Estimation du risque lié aux altises adultes ».
Si une intervention doit avoir lieu, il est conseillé d’employer un pyréthrinoïde avec de bonnes conditions de traitement, soit en soirée, car l’adulte est actif à ce moment-là. En revanche, « pour les régions à fortes résistances généralisées aux pyréthrinoïdes (voir l'encadré ci-dessous), la seule solution passe par un semis et une levée précoce », juge Terres Inovia.
Ensuite, face aux larves, il faut réaliser un « test Berlèse » ou bien une dissection, au cours de novembre pour évaluer la pression larvaire. Et si l'automne est très doux, cette opération doit se renouveler durant l’hiver. Pour déterminer si une intervention est nécessaire, il faut coupler le nombre de larves trouvées, au risque agronomique (biomasse du colza, croissance continue, arrêt de croissance hivernale et précocité de reprise au printemps). Là encore, pour vous aider, l’institut propose un OAD.
En attente de dérogation
Les larves quittant l’intérieur des plantes pour passer d’un pétiole à l’autre, elles sont alors atteignables par les insecticides. Dans tous les cas, le choix de la spécialité dépendra des résistances existantes (voir la carte). En présence de faible résistance, Terres Inovia conseille d’utiliser un produit à base de pyréthrinoïdes (plutôt lambda-cyhalothrine). Si la résistance forte est généralisée, les pyréthrinoïdes sont totalement inefficaces, il est alors recommandé d’employer un mode d’action alternatif.
Ainsi, la filière a de nouveau fait une demande de dérogation pour Minecto Gold (cyantraniliprole 400 g/kg) au début du printemps pour les Régions Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, Île-de-France, Centre-Val de Loire et les départements de l’Allier et de l’Aisne. « Ce dernier département est nouveau, car nous le considérons un peu plus à risque que les autres départements des Hauts-de-France », souligne Franck Duroueix, chez Terres Inovia. Il ajoute : « À notre connaissance, notre demande est en cours d’instruction et nous espérons une réponse pour le mois de septembre. »