Aménagée en 2012, la plateforme de récupération et de traitement donne entièrement satisfaction aux associés du Gaec de la Champagne. « À l’époque, précise Benoît Collardot, le plus jeune des trois, il y avait une opportunité à saisir dans le cadre d’un programme de retraitement des eaux, financé par l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse. Avec les fonds européens du Feader, l’investissement de 90 000 € a été subventionné à hauteur de 75 %. »

Outre l’incitation financière, les agriculteurs ressentaient le besoin de mieux s’organiser et de sécuriser l’utilisation des phytos. Sur l’exploitation encastrée dans le village, le local phyto était installé dans une ancienne grange, éloignée du lieu de chargement en eau. Le lavage du matériel se faisait sur une petite aire bétonnée et l’eau ruisselait dans le parc des poules. Les engrais étaient stockés dans de vieux wagons, sans dispositif de rétention.

Le procédé Héliosec

La nouvelle aire de lavage (20 m × 10 m) comprend un regard central à deux trous : le plus haut récupère les boues de lavage du matériel (terre, graisses, cailloux), le plus bas les effluents. Selon les besoins, il suffit de fermer l’un ou l’autre de ces trous pour envoyer les eaux usées ou les résidus phytosanitaires dans le circuit de retraitement correspondant.

Les eaux de rinçage du pulvérisateur et les résidus phytosanitaires partent par gravitation dans une cuve tampon de 5 000 litres, insérée dans une fosse de rétention en béton. Repompés, ils sont renvoyés dans l’un des trois Héliosec. D’une surface de 6 m², chacun d’eux est constitué d’un bac et d’un châssis. Les substances indésirables y sont déshydratées par l’action naturelle du vent et de la chaleur. Elles se sédimentent et se posent en couche pâteuse sur la bâche noire qui recouvre l’intérieur de chaque Héliosec. Une fois par an, à l’automne, la bâche est retirée et changée. L’ancienne est emmenée pour destruction chez Adivalor.

« Nous avons choisi le système Héliosec au lieu des Biobac, car nous utilisons du cuivre sur nos oignons, ce qui altère les micro-organismes du Biobac », précise Benoît.

Gros travail en amont

Le fioul et les graisses vont dans un débourbeur-déshuileur de 4 m³, dont la largeur correspond à la minipelle de l’exploitation. Les éléments grossiers tombent dans un premier bac. L’eau chargée en huile passe automatiquement, via un muret, dans le déshuileur. Les huiles qui restent en surface sont captées sur un boudin déshuileur qui est changé une fois par an. L’eau claire remonte dans le réseau par un tuyau présent dans le fond du déshuileur. Pour alimenter l’eau de lavage et l’eau de remplissage du pulvérisateur, les associés du Gaec ont capté un drain agricole dans les parcelles en amont du site. Avec l’eau récupérée sur les chéneaux du toit, le trop-plein de drainage alimente une réserve d’eau. Pompée, celle-ci remonte ensuite dans une citerne de 8 000 litres installée sur le toit du local phyto. L’empreinte sur le milieu est ainsi minimisée.

Pour réaliser la station, un gros travail a dû être fait en amont. « Nous avons creusé beaucoup de tranchées et de trous, posé de nombreux tuyaux, souligne Benoît. La plus grande difficulté a été d’imaginer où allaient passer les réseaux, les tuyaux électriques, les tuyaux d’écoulement des eaux. » Les finitions ont été soignées. Un mur brise-vent a été construit pour éviter que les embruns de produits phyto n’aillent sur la parcelle du voisin.