En cette rentrée, le mot d’ordre est de se mettre au vert. À l’issue du séminaire gouvernemental, le premier ministre a en effet affirmé que l’écologie est l’une des principales priorités de l’exécutif, tous les ministres devant « inscrire leur action dans cet objectif ». Quelques jours plus tôt, le président de la République expliquait qu’il a « très profondément changé » en la matière. L’environnement pourrait même intégrer le premier article de la Constitution dans le cadre de la réforme constitutionnelle. Au-delà des convictions qui peuvent changer, les esprits critiques verront surtout dans cette prise en compte de l’écologie, la crainte du gouvernement d’une évaporation des voix LREM vers des listes EELV lors des prochaines élections, compte tenu du bon score des Verts aux Européennes et d’une proximité sociologique d’une partie de leurs électorats.

Or, quand il s’agit d’aller à la pêche aux voix, cela ne peut pas être neutre pour le secteur agricole qui pèse de moins en moins parmi les électeurs, mais porte des dossiers comprenant souvent un volet environnemental. Des sujets qui, au niveau gouvernemental, sont de plus en plus traités en interministériel, avec notamment le ministère de l’Écologie dont les positions sont plus radicales que celles du ministère de l’Agriculture. Produits phyto, stockage de l’eau, prédateurs… Les sujets brûlants ne manquent pas. Interrogée, la présidente de la FNSEA reconnaît cependant l’action du ministre de l’Agriculture pour faire évoluer dans un sens plus favorable les décisions sur le dossier des traitements phyto à proximité des habitations et celui des retenues d’eau. D’autant que cela se fait sous la pression d’ONG teintées d’idéologie. Reste qu’au final, on limite surtout les « dégâts ». Cela se traduit ainsi le plus souvent par de nouvelles contraintes pour les agriculteurs, comme c’est le cas avec les traitements phyto (lire article en page 19).

On ne peut néanmoins ignorer la préoccupation croissante de nos concitoyens pour l’environnement. Jérôme Fourquet, auteur de L’archipel français (Seuil), va même jusqu’à déclarer dans Le Figaro qu’une « matrice écologique » se substitue à « la vieille matrice catholique qui avait structuré en profondeur notre société ».

Difficile donc d’y échapper. Aussi faut-il prêcher la réalité de l’agriculture qui a des arguments à faire valoir. Le dialogue est source d’efficacité, même si la confrontation ne peut être exclue avec des groupes de pression. Des projets de retenues d’eau ne peuvent ainsi plus être décidés sans s’être concerté au préalable avec les acteurs locaux. Même si cela ne met pas à l’abri de recours ultérieurs…