« Vu les difficultés avec la mouche Drosophila suzukii sur les cerises, je ne crois pas qu’on puisse faire autrement que de s’équiper », assure Franck Clavel, arboriculteur à Saint-Nazaire-de-Valentane, dans le Tarn-et-Garonne. Sur ses 5 ha de cerises, la moitié est déjà munie de filets périphériques en « maille suzukii » (1,38 x 1,38 mm). Il a testé les différents modèles : une parcelle fermée en filets, d’autres avec des bâches auxquelles il a ajouté des filets ensuite et une dernière avec des filets seulement verticaux (sans bâche ni filet au-dessus). « Avec des filets que sur le côté, ça n’a pas permis de diminuer les dégâts, explique-t-il. En revanche, les deux autres systèmes ont la même efficacité. » Ainsi pour Marie Dordolo, conseillère en arboriculture fruitière à la chambre d’agriculture du Tarn-et-Garonne, « le filet périphérique peut être rajouté aux bâches avec la même efficacité. Cela permet aux agriculteurs qui ont déjà des bâches de limiter les investissements. »

Pas beaucoup moins cher

Cette solution n’est, cela dit, pas beaucoup moins chère que la « clé en main », qui inclut les bâches et les filets d’un seul tenant, et qui coûte environ 10 % de plus. Franck Clavel explique ainsi : « Sur un investissement de 60 000 €/ha, avec poteaux et ancrages, il y a une différence de 5 000 €. Je prendrai à l’avenir le système clé en main ».

Concernant l’installation de ces filets et bâches, l’arboriculteur du sud-ouest estime que « c’est rapide et assez facile. » Il a investi un peu plus pour inclure les tournières dans les filets dès que c’était possible. En revanche, « la fermeture des filets peut prendre du temps ». Autre contrainte : « Quand il fait très chaud, c’est étouffant pour ceux qui récoltent… pas pour les fruits ». Enfin, les vergers étant fermés environ 6 semaines, à partir du 10 mai, le manque de pluie doit être compensé par de l’irrigation.

De nombreux intérêts

Mais ce système « vaut le coup », soutient Franck Clavel. En effet, les mouches ne font quasiment plus de dégâts. « La première année, quand on a baissé les filets, il y avait eu une attaque précoce, se souvient-il. Depuis, je traite quand je baisse les filets et c’est tout. J’ai 16 variétés et, pour certaines, je les traitais tous les 3 ou 4 jours, j’en avais assez ! » Avec un avantage écologique et l’assurance « de n’avoir aucun souci pour la reconnaissance Haute valeur environnementale, que j’ai déjà depuis des années », reprend l’agriculteur. Côté économique, admet Mme Dordolo, « le gain de ne pas traiter est négligeable dans le calcul de la rentabilité de ces filets ». Elle assure qu’un tel investissement n’est avantageux que « si les producteurs vendent 50 centimes plus cher par kilogramme de cerise sur 10 ans et en produisant 12 tonnes à l’hectare. » Elle pense que c’est « faisable » car les dégâts des mouches sont fortement diminués et « on arrive à récolter plus mûr, donc plus gros et plus valorisé ». D’où, aussi, d’après M.Clavel, l’importance d’additionner la bâche aux filets, la première permettant d’éviter l’éclatement. Au final, « je peux ramasser mes cerises plus tard, se félicite-t-il. Et le prix de vente est donc plus intéressant. »