Caroline Joguet a le caractère bien trempé des montagnards. Elle préfère se consacrer à son élevage caprin plutôt qu’aux représentations publiques. Elle a choisi ses alpages plutôt que les plateaux de TV. La jeune femme de 25 ans vit à Arêches-Beaufort (Savoie) où elle a grandi. Elle vient de rendre son écharpe de Miss agri.
Aussi jolie soit-elle, la Miss n’a pas remporté les suffrages du concours Facebook (lire encadré) sur sa simple apparence physique. Caroline a été désignée comme la meilleure représentante du monde agricole féminin. « Ce concours (1) est un peu un coup de gueule des jeunes agricultrices. On n’imagine pas comme c’est compliqué parfois d’être crédible. Je ne cherche pas la notoriété, mais plutôt à changer l’image passéiste que beaucoup ont encore de nous. Les cheffes d’exploitation sont de plus en plus nombreuses, il est important de montrer que nous savons nous débrouiller », revendique-t-elle.
Chevrière à 14 ans
D’ailleurs, le Gaec « Les deux laits » est surtout féminin. Marie-Pierre, la mère de Caroline, produit du lait pour la coopérative de Beaufort, sa fille élève donc des chèvres et fabrique les fromages qu’elle commercialise. Le père, Jean-Marc, est conjoint collaborateur. À 14 ans, Caroline possède ses premières chevrettes, et apprend tôt à bien suivre son troupeau. Au lycée agricole de Cruseilles (Haute-Savoie), elle déchante devant la difficulté pour les jeunes filles de trouver un stage agricole. Elle ne lâche rien. Et prouve aux plus dubitatifs de la commission départementale d’orientation agricole sa capacité à y arriver seule avec 90 têtes…
Du ressort, elle n’en manque pas. Caroline Joguet a fait de la compétition de ski au niveau national et est devenue traileuse. Dans son groupe d’amis, beaucoup sont sportifs. Ensemble, ils courent sur les Traces des Ducs de Savoie, entreprennent le tour du Mont-Blanc ou du lac d’Annecy… « Je participe chaque année à quatre ou cinq trails qui me tiennent à cœur et me motivent à m’entraîner », explique Caroline. Pour pouvoir avaler ces milliers de mètres de dénivelé, et développer son ultra-endurance en pleine nature, elle avance la traite du matin, ou se fait remplacer pour courir en montagne.
(1) La France agricole n’est pas partie prenante du concours.