Sa passion du « caillou » remonte à l’enfance, lorsqu’il accompagnait son père aux champs. Patrick Gouyou, 65 ans, éleveur laitier aujourd’hui retraité à Lacapelle-Biron (Lot-et-Garonne) est un passionné d’histoire de France, mais surtout de préhistoire. Un silex recueilli lorsqu’il était môme fut le déclencheur. Et depuis cinquante ans, il a plaisir à ramasser des outils des premiers hommes sur ses terres. Aujourd’hui, il détient une impressionnante collection de bifaces, de pierres taillées, de silex et de grattoirs façonnés par la main de l’homme. « Ce qui prouve que vraisemblablement, ce lieu est habité depuis des millénaires. Il est vrai que les conditions de survie étaient réunies ici avec, en particulier, de l’eau en abondance. Une eau qui faisait pousser une végétation variée, donc des plantes et des fruits comestibles. Sans oublier les gibiers attirés par cette ressource », avance le collectionneur.

Époque moustérienne

Celui-ci essaie d’identifier chaque objet, la façon dont il a été fabriqué, la manière de l’utiliser. « J’imagine son parcours, comment il a été retaillé, repoli, abandonné après une cassure… » Devant ses étagères de livres et ses cahiers remplis de notes manuscrites, l’autodidacte poursuit : « Petit à petit, n’ayant pas fait beaucoup d’études, je me suis documenté, d’abord auprès de mon instituteur quand j’étais jeune, puis dans des ouvrages de préhistoire, j’ai beaucoup lu. »

Dans son capharnaüm, dont lui seul maîtrise le rangement, s’exposent des milliers d’objets datant du paléolithique, principalement du Moustérien (250 000 à 30 000 ans avant J.-C.), classés selon leur lieu de découverte. Le connaisseur possède même de nombreuses pièces encore plus anciennes, particulièrement des gros rognons de silex avec une face tranchante. « Bien que je les aie trouvés en surface, j’ai constaté que ces outils constituaient des couches successives. À certains endroits, j’ai trouvé un mètre d’épaisseur de silex, près de la source notamment », explique Patrick. Sa collection intéresse les scientifiques (lire encadré ci-contre) et les instances culturelles régionales. L’agriculteur retraité espère que celle-ci fera l’objet d’un travail de recherche. Il aimerait tant mieux comprendre le mode de vie de nos ancêtres.

Claude-Hélène Yvard