Bien dans ses bottes, Éloïse Guidotty s’affaire de bon matin à la ferme universitaire de Villetaneuse. Entre campus étudiant et quartiers prioritaires, 4 hectares de friche urbaine forment un espace agricole pédagogique. À vingt-huit ans, cette blonde champenoise est la directrice technique des Fermiers de la Francilienne. L’association expérimente l’inclusion sociale sur trois fermes urbaines et pédagogiques de Seine-Saint-Denis et du Val-d’Oise. Elle organise des animations publiques, scolaires et l’accueil de personnes en situation difficile.

« Nous recevons des enfants d’instituts médico-éducatifs et des mineurs en très grande difficulté, que l’on dit incasables. Ils arrivent ici décadrés et nous leur proposons notre fermothérapie», explique Éloïse. Pour les remettre dans une dynamique sociale et de travail, elle leur confie des tâches sur la ferme : transporter des matériaux avec une brouette, nourrir les bêtes, renouveler les litières… « Ils nous rendent service et se sentent utiles, c’est valorisant », souligne-t-elle.

UNE ÉNERGIE INDÉFECTIBLE

Cette fille de viticulteur a un parcours atypique. Après son bac à Épernay et sa licence de biologie à Reims, elle s’envole pour la Guyane, afin de suivre un BTS Gestion et protection de la nature. L’étudiante a le déclic à Madagascar : « En voyant des Malgaches déboiser leur terre, et pourtant continuer d’avoir faim, j’ai décidé de me former en agriculture. »

La jeune fille postule au cursus d’ingénieur en agroécologie à AgroParisTech. Son indéfectible énergie et ses solides capacités lui permettent de suivre un enseignement de haut niveau. Son stage de fin d’études au Sénégal porte sur le rôle des femmes dans la gestion durable des terres. Puis, une organisation non gouvernementale l’embauche pour créer en brousse une chèvrerie et un poulailler communautaire.

De retour en France, un ami qui travaille pour les Fermiers de la Francilienne lui propose de rejoindre l’équipe. Comme elle aime nouer des contacts, Éloïse s’implique à 200 % et fait sa place auprès des personnes en difficulté. « Réussir la réinsertion d’une personne nécessite beaucoup d’écoute, confie-t-elle. Faire monter les gens en compétence me motive. » Cette bosseuse multitâche s’occupe à la fois des humains, des bêtes – porcs, lapins, ovins, bovins, caprins – et de ses andins de compost, où poussent des légumes d’été.

Alexie Valois