Croiser un lama à la sortie de l’ascenseur de leur résidence n’est plus une surprise pour les pensionnaires et les soignants de l’Ehpad de Merlines, en Corrèze. Âgé de 9 ans, Blue Oyoro accompagne sans rechigner Murielle Bastit dans différents établissements où sa visite est très attendue. « Toucher cet animal imposant mais doux et se prêtant aux caresses stimule des réactions étonnantes, explique l’éleveuse. Ainsi, lorsqu’une vieille dame a entouré l’encolure d’Oyoro de ses bras, j’ai vu ses doigts recroquevillés se détendre. Le lama peut aussi inspirer des mouvements que les gens ne faisaient plus : une résidente qui ne pouvait plus manger seule faute de mobilité des mains s’est mise à le caresser naturellement. Son blocage était d’ordre psychologique et non physique. Nous avons également vu se lever un monsieur en direction d’Oyoro alors qu’il refusait de marcher depuis des semaines… » Murielle se rend également dans l’unité « alzheimer » d’Égletons, où « l’arrivée des animaux suscite un intérêt indéniable. »
Du centre de loisirs à la médiation animale
Lorsqu’elle ne se déplace pas pour de la médiation animale ou de l’animation sur les nombreuses manifestations, l’agricultrice reçoit des familles et des groupes sur son exploitation, à Lamazière-Basse (Corrèze). « Je concilie aujourd’hui mes deux passions pour l’animation et pour les animaux. Je vis mes rêves d’enfant ! », confie l’ancienne directrice d’un centre de loisirs à Sursac (Creuse), qu’un accident de la vie a reconduite sur l’exploitation de son grand-père en 2007. Un endroit où elle a toujours souhaité vivre !
« Les lamas inspirent des réactions émouvantes. »
Titulaire d’une maîtrise en psychologie sociale, elle réfléchit alors à son projet avec l’aide de Francis, son mari. Ils ont la volonté de valoriser les cinq hectares de la propriété avec des animaux, et une profonde envie d’être proche des gens. Des rencontres seront déterminantes, comme celle d’un couple d’éleveurs de camélidés dans les Pyrénées. Murielle accueille ses premiers lamas en 2014. Elle en élève aujourd’hui dix-huit. Sous le charme de « ces animaux rustiques, fiers et très familiers », elle développe une activité de médiation et d’animation auprès de personnes particulièrement sensibles au contact avec un animal. Une passerelle pour de jolis moments de complicité et de confiance réciproque.
L’an passé, elle a préparé Angélique et Christian, résidents de la Maison d’accueil spécialisée pour adultes handicapés à Sornac, pour une épreuve d’agility avec un lama qui avait lieu au premier Salon international du dromadaire et des camélidés, à Janvry (Essonne), en septembre. Vivement applaudis pour leur performance, les deux candidats ont reçu un diplôme d’honneur de meneur. Une reconnaissance gratifiante du travail et de la complicité établie avec leurs deux lamas, Éclipse et Misty.