Dans toutes les brocantes, mais aussi les anciennes fermes du sud meusien, Daniel Laurent est bien connu : voilà une vingtaine d’années qu’il les écume pour acheter ou récupérer outils, ustensiles, objets liés à la culture de la pomme de terre, ainsi qu’à sa consommation. Depuis quelques mois, il a ouvert un petit musée à Troussey rassemblant ses trouvailles. De la planteuse à l’arracheuse, en passant par les chariots, araires, charrues et autres herses. « Notre commune, Troussey, était le fief de la culture de ce tubercule, explique cet ancien agriculteur de 68 ans, féru d’histoire locale. Les terres, sableuses, se prêtaient bien à cette production. Vers 1860, elle représentait presque 200 ha. Dans les années cinquante, une soixantaine de fermes du village cultivaient encore de la pomme de terre. Mon grand-père avait cinq hectares, puis mon père encore deux. Des courtiers venaient acheter les récoltes, de même que des particuliers de Nancy, de Toul… Après la seconde guerre mondiale, la production a décliné, concurrencée par les grandes régions productrices, comme le Nord. »
Au gîte de la Charlotte
Daniel Laurent ne s’est pas contenté de rassembler du matériel. Ses expéditions dans les vide-greniers lui ont permis de rassembler des ouvrages, comme une belle collection de livres du XIXe siècle, dont un intitulé « La pomme de terre et sa culture rationnelle ». Aux murs de la bibliothèque, des plans du village, datés de 1810, montrent une multitude de petites parcelles caractéristiques, longues et étroites. L’épouse de Daniel, Martine, lui apporte une aide précieuse dans son œuvre de mémoire. « Je tape des rapports, des exposés, explique celle qui l’accompagne dans ses chasses au trésor. Nous avons réalisé un petit livret avec des explications pour chaque outil, afin que les visiteurs puissent découvrir seuls le musée. » Daniel Laurent est resté très actif. Ancien maire de Troussey, il donne toujours un coup de main à son fils, éleveur de salers. Avec Martine, il a ouvert, il y a quelques années, un gîte rural, le bien nommé « gîte de la Charlotte ». Daniel Laurent est surtout motivé par l’aspect humain de ses engagements : « Nous rencontrons des curieux, des passionnés comme nous. Ce qui nous intéresse, ce sont les échanges autour de ce riche patrimoine technique et sa transmission. »