Le béret vissé sur la tête et l’œil rieur, Gérard Bellecourt est intarissable sur les tracteurs d’antan. Sa collection en compte au moins soixante, du premier modèle américain Fordson de 1917, avec ses roues métalliques rouges, jusqu’aux trois gros Massey Ferguson des années soixante-dix.

Incollable sur ces engins, qu’il décrit avec minutie, l’agriculteur de Carbonne (Haute-Garonne) connaît aussi bien l’histoire des marques que les caractéristiques des moteurs. Dans son écurie, un McCormick de 1948, fabriqué dans le cadre du plan Marshall et importé des États-Unis, côtoie un Albaret, trouvé chez un voisin, ou un Percheron au capot orné d’un cheval. Bien alignées dans un immense hangar où son père André élevait des poulets, toutes ces machines fonctionnent, quel que soit leur âge. « J’achète du matériel qui tourne, car je n’ai pas trop le temps de bricoler, et je l’utilise parfois pour les travaux des champs. Je cultive 700 ha, dont une bonne partie irriguée. Pour déplacer mes enrouleurs, je sors un vieux tracteur. Je me fais plaisir », raconte le céréalier.

Enthousiasme expansif

C’est accompagné de son père qu’il est allé acheter son Fordson en 2006 à Lyon. « Puis j’ai ressorti notre Lanz Bulldog, le premier tracteur de la ferme, abandonné sous un tas de ferrailles, poursuit Gérard. C’est de là que tout est parti. » Sous l’impulsion de son beau-frère, passionné de gros moteurs, il récupère de belles pièces de collection comme le groupe électrogène de l’hippodrome d’Auteuil, un Duvant de 38 t du début de XXe siècle, unique au monde. Ou la pompe du château de Versailles, une mécanique de 600 chevaux installée sur la Seine en 1910, démontée, transportée et remontée pièce par pièce. Un travail de titan !

Chaque année, Gérard organise une grande exposition d’antiquités avec ses amis de l’association Labour Passion. Et toute la famille participe aux randonnées en tracteur. Marie-Lyne, son épouse, et Marie-Hélène, sa fille aînée de 17 ans, ont leur propre machine. Audrey et Estelle, 14 et 8 ans, suivent sur des microtracteurs tondeuses, tandis qu’Adrien, 4 ans, les accompagne sur un petit bolide rouge à pédales. Marie-Hélène prend même part à des concours de labour à l’ancienne sur son Bolinder de 1956. Et elle termine souvent sur le podium, pour la plus grande joie de son papa !

Florence Jacquemoud