Lorsque le plateau de Millevaches blanchit, les amateurs de ski de fond et de raquettes savent où trouver le bonheur de filer à travers de grands espaces en totale liberté. Située à 900 mètres d’altitude, la ferme bio de Pigerolles, dans la Creuse, abrite non seulement vaches, brebis, porcs et atelier de transformation, mais aussi un large choix de matériel de sport d’hiver proposé à la location.
« Des pistes damées et balisées de 7,11,15 ou 21 kilomètres démarrent devant l’exploitation. Leur accès est gratuit. Ici, les gens ont même le droit de se perdre ! », explique en riant Jouany Chatoux, éleveur. L’enfant du pays pratique le ski de fond depuis son plus jeune âge. « Dès qu’il neigeait, notre instituteur nous emmenait skier, raconte-t-il. Les spatules étaient stockées à l’école, c’était pratique ! » Jouany a gardé l’amour de ce sport et l’amitié de ses copains. « Nous sommes toute une génération de quadragénaires à être restés au pays, poursuit l’agriculteur. J’ai accepté, il y a vingt ans, de prendre la présidence de l’association de ski de fond, créée en 1977, année de ma naissance, pour permettre à mon tour aux jeunes du village de s’amuser et aux gens d’ailleurs de découvrir le plateau.»
Accueil à la ferme
Avec sa compagne, Sylvie Jeanblanc, et leur associé, Patrick Pichon, Jouany a aussi développé une activité de restauration et ouvert une boutique de produits fermiers bio. L’hiver, 80 % des citadins viennent de Limoges, d’autres de Châteauroux et de Poitiers. « Trois cent cinquante paires de skis peuvent être louées en un dimanche, poursuit l’éleveur. La population passe de soixante-dix habitants à deux mille ! Une émission au journal télévisé de TF1 nous a amené, un jour, des gens qui méconnaissaient totalement le secteur. Au point de chercher une galerie marchande ! »
Prêt à laisser sa place de président, Jouany Chatoux favorise l’implication des jeunes du cru. « Un groupe de quatorze à dix-huit ans s’est occupé cet hiver de la location des skis stockés dans un de nos hangars, raconte-t-il. L’association crée un lien social fort, génération après génération. Nous venons d’acheter un local mobile, pour entreposer tout le matériel. Une partie sera aussi aménagée en lieu de fête pour la jeunesse. Nous avons la chance d’avoir à Pigerolles vingt jeunes de moins de dix-huit ans. Ils sont déjà investis dans la vie associative et ne manquent pas d’idées pour l’avenir. Notre village est vivant ! Avec ou sans neige, ce n’est pas une fatalité de vivre ici. »