«Mes premiers souvenirs de cloches datent de l’enfance. Je dormais dans une chambre située au-dessus de l’étable. L’été, les vaches laitières y passaient la nuit avec leurs sonnailles au cou. Au fil de leurs mouvements, cela faisait une musique que j’écoutais en m’endormant », raconte Gérard Bru, qui élève des gasconnes à Bénaix, dans l’Ariège. Pour s’amuser, il fabriquait des cloches avec des boîtes en métal, mais sans retrouver de sons agréables à entendre !
Devenu éleveur, il s’est fait plaisir et a acheté des sonnailles pour ses gasconnes. Aujourd’hui, à 54 ans, il en possède toute une collection, constituée surtout de cloches des Pyrénées fabriquées à Nay, dans le Béarn. Elles trônent en bonne place dans son salon, aux côtés de cloches pour les brebis héritées de son arrière-grand-père, qui fabriquait lui-même des colliers en bois gravé. « C’est une tradition que j’ai envie de perpétuer », affirme l’éleveur, enraciné dans son terroir.
Un savoir-faire manuel
Ces belles cloches ne sont utilisées que pour les concours ou la montée à l’estive. « En montagne, nous les remplaçons par des cloches plus petites et moins encombrantes », note Gérard. Leur son permet à l’éleveur de localiser le troupeau. « Si une bête s’écarte, cela l’aide aussi à retrouver les autres. » Au-delà de ces aspects pratiques, ces cloches ont une fonction esthétique. « Je choisis de beaux animaux pour les porter, afin de les mettre en valeur. »
Curieux de tout ce qui touche à l’artisanat, Gérard s’est intéressé à la fabrication des sonnailles. « Elles sont formées de tôles martelées puis brasées au four pour déposer une couche de cuivre à la surface, qui amène la résonnance », détaille l’éleveur, admiratif de ce savoir-faire. L’artisan achève ensuite de leur donner un beau son en martelant délicatement l’ouverture de la cloche. « Un choc peut la désaccorder. Dans ce cas, je la remplace pour ne pas gâcher l’harmonie ! »
Ce goût des belles sonorités, il l’a transmis à son fils Orélien, installé avec lui. « Il faut équiper ses brebis. Cela nous donne l’occasion d’acheter de nouvelles sonnailles. C’est un plaisir de choisir une cloche, de l’écouter tinter. La note dépend de sa taille. En les variant, nous créons une musique. »