Simon (13 ans), Coline (10 ans) et Amandine (8 ans) ont manqué l’école de septembre à décembre dernier, et pour cause. Chaque jour, ils avalaient avec leurs parents des kilomètres de bitume. Marie-Hélène et Yannick, 40 et 41 ans, ont déjà roulé en Afrique de l’Est. Ils ont réitéré l’expérience et sont partis six mois en cyclo-rando jusqu’au Sénégal. Ils voulaient partager avec leurs enfants l’enrichissement d’une aventure extraordinaire.

La famille vit à Saint-Christophe-la-Grotte, en Savoie. Yannick pilote des actions de co-développement pour l’association Pays de Savoie solidaires. Il est accueilli en Afrique avec une simplicité généreuse et reçoit, à son tour, ses homologues sénégalais à la maison. Ingénieure agricole, Marie-Hélène a enseigné le développement durable en CFPPA et était membre d’un Gaec ovin. Elle se lance désormais dans la production-transformation de fruits rouges.

Laisser les rencontres opérer

S’inspirant du récit du Petit Prince, d’Antoine de Saint-Exupéry, le couple imagine un projet pédagogique. Son site internet, auquel leur garçon et leurs filles contribuent, est alimenté de textes et photos au fil du voyage. Yannick filme en vue d’un documentaire et Marie-Hélène photographie le périple. « La veille du départ, je n’en menais pas large. J’étais heureuse mais inquiète : est-ce le bon choix pour nos enfants ? Comment se comporteront-ils dans l’inconfort ? », se demandait-elle.

Début juillet 2019, après des mois de préparation, la tribu s’engage sur les routes. L’itinéraire traverse le sud de la France, les Pyrénées, puis cap sur Compostelle, avant de descendre la côte portugaise et atteindre Tarifa (Espagne). Les vélos sont lourdement chargés : 50 kg de matériel pour Yannick, 40 kg pour Marie-Hélène, et 15 kg pour les aînés. « Nous transportions de quoi boire et manger une journée, un réchaud, des tentes et nos sacs de couchage. Partout, nous nous installions à proximité de familles. Le but était de laisser les rencontres opérer… », explique Marie-Hélène. Comme au pic du Midi, où le directeur leur fait visiter le site de l’observatoire.

Arrivés à Tanger, les cyclotouristes français reçoivent le bon accueil marocain. Dans le Haut Atlas, ils peinent à se ravitailler et grimpent un col à 2 900 m. « Malgré les coups de fatigue, jamais les enfants n’ont dit : “On veut rentrer à la maison.” Déjà sportifs et autonomes, ils ont appris à faire face à l’inconnu, et à nous faire confiance pour gérer les imprévus », explique leur maman.

En plein Sahara, le vent de sable leur souffle parfois dans le dos… Ou devient leur ennemi. Au Sénégal, ils sont escortés en toute amitié pendant trois jours. Leur arrivée est festive, accompagnée par plus de 500 cyclistes. La famille Billard est rentrée en France fin décembre, après 7 100 km. « Nous sommes revenus avec un pincement au cœur que cela se termine, fiers de nos enfants et de nous. »

Alexie Valois

Leur carnet de route : petitprinceavelo.net

Leur film de trois minutes : petitprinceavelo.net/2020/01/17/on-parle-de-nous-sur-savoie-fr