« Parmi les principaux polluants émis dans les élevages porcins figurent l’ammoniac (NH3) et les particules fines, détaille Solène Lagadec, chargée d’études à la chambre d’agriculture de la Bretagne. Le premier est un gaz qui résulte de la décomposition des déjections animales. Sa volatilisation est influencée par la température, le pH du lisier ainsi que la circulation de l’air. Les particules fines, quant à elles, proviennent de l’alimentation, des animaux, des déjections et du bâtiment. 98 % d’entre elles ont un diamètre inférieur à 2,5 µm (invisible à l’œil nu), ce qui les rend particulièrement nocives pour la santé respiratoire. »
Un risque de pathologies respiratoires plus élevé
L’exposition prolongée aux polluants augmente le risque de pathologies respiratoires chez les personnes travaillant dans l’élevage. L’ammoniac est soluble dans l’eau. Il irrite les muqueuses (yeux, nez, gorge). Selon la réglementation, un travailleur ne doit pas être exposé à plus de 20 ppm pendant 15 minutes.
« Lors du projet AIR Éleveur, nous avons observé une concentration moyenne de 14 ppm en fin d’engraissement, mais cela peut atteindre jusqu’à 40 ppm », indique Solène Lagadec. Les particules peuvent pénétrer dans les alvéoles pulmonaires et causer bronchite, toux, asthme.
Un travailleur ne peut pas être exposé à plus de 0,9 mg/m³ de particules alvéolaires pendant 8 heures. En fin d’engraissement, la concentration moyenne est de 0,4 mg/m³, et peut atteindre jusqu’à 3,4 mg/m³.
Réduire les émissions et l’exposition
« Pour réduire ces émissions de particules et d’ammoniac, il faut agir en priorité sur l’alimentation en ajustant les apports en protéines aux besoins des animaux, afin de limiter le gaspillage d’azote (jusqu’à –30 % avec l’alimentation multiphase), précise-t-elle. L’ajout d’huile dans l’alimentation à sec permet aussi de réduire les particules de 30 %. »
Une autre option consiste à agir sur les effluents en réduisant leur temps de présence, en séparant les phases solide et liquide, en utilisant des additifs ou encore en réduisant le pH des lisiers (–70 % sur NH3). Enfin, l’éleveur peut limiter les émissions en utilisant des techniques telles que le lavage d’air, la biofiltration (réduisant les gaz de 50 % et les particules de 70 %), la brumisation d’eau ou d’huile, et l’ionisation électrostatique pour limiter la diffusion des poussières.
L’autre axe de travail est la réduction de l’exposition des éleveurs et salariés aux polluants, via la formation aux risques respiratoires et la mise en place de plans d’urgence. Ventilation adaptée pendant la vidange des préfosses, modifications des horaires de passages dans les salles, utilisation de masques adaptés… sont faciles à mettre en place.
« Il existe un panel de solutions simples et peu coûteuses souvent méconnues dans les élevages, conclut Solène Lagadec. L’objectif est de faire connaître les bonnes pratiques pour encourager l’action. Dans le cadre d’un projet QualiAir, un guide des moyens de prévention et de protection sera diffusé à la fin de 2025. »