C’est souvent abusivement que les ateliers porcins sont qualifiés de « hors-sol », selon Christine Roguet, économiste à l’Ifip (lire ci-dessous). Car même sans parler de porc plein air, cet atelier peut être très intégré au fonctionnement global de l’exploitation. C’est le cas au Gaec de Clamonet, en Haute-Loire, où travaillent deux associés et un salarié. Les 90 truies et les porcs participent de l’équilibre économique mais aussi agronomique de la ferme, au même titre que les 55 vaches. D’ailleurs, la création de cet atelier naisseur-engraisseur-multiplicateur, il y a dix ans, a fait bouger les lignes de l’exploitation de polyculture-élevage laitier, qui produit 367 000 l sur 100 ha.
« La valorisation des effluents porcins nous a rendus autonomes en engrais de fond », indique Julien Bard, qui a fait analyser les lisiers et fumiers de porcs (dont un quart sont engraissés sur paille) pour ajuster les apports. « On économise de 5 000 à 6 000 € par an. Et on ne fait plus d’impasse comme cela avait pu se produire certaines années difficiles. Le rendement moyen en herbe est passé de 6 tMS/ha à 7-8 tMS. Cela a permis de retourner 10 ha de prairie temporaire pour faire des céréales, en restant autonomes en fourrages pour les vaches. »
Aujourd’hui, avec 30 ha de céréales (blé-orge), 12 ha de maïs ensilage et le reste réparti entre prairies temporaires et permanentes, l‘atelier lait est autonome en paille et presque en alimentation - seul le tourteau est acheté. Pour le porc, un quart des besoins alimentaires sont couverts par les 120 t de céréales livrées à la coopérative (groupe Altitude) et récupérées sous forme d’aliment.
Julien Bard prévoit d’exploiter encore plus la complémentarité entre porcs et cultures, en agrandissant la porcherie jusqu’à 220 truies, tout en arrêtant le lait. « Nous retournerons les prairies qui peuvent l’être pour passer à 60-70 ha de céréales. Cela ne suffira pas à atteindre l’autonomie alimentaire, mais nous pourrons engraisser davantage de porcs sur paille. Quelques vaches allaitantes permettront de valoriser les prairies permanentes et de garder une rotation plus diversifiée avec du maïs. »