Du photovoltaïque au sol ? La chambre d’agriculture de l’Ain répond oui à trois conditions : « Que les projets fassent consensus, qu’ils soient collectifs et que la valeur soit partagée », résume son président Michel Joux. C’est l’ambition d’Agrilea, qu’il préside également. Cette SAS créée au printemps est portée à 50 % par le monde agricole (chambre d’agriculture, FDSEA, JA) et à 50 % par des collectivités (communautés de communes et département).

Sa mission : prospecter pour proposer des projets de centrales solaires. « Pour éviter que des projets voient le jour sur des terres propices à l’agriculture, mieux vaut sacrifier des parcelles de 8 à 12 hectares en friche ou de faible intérêt agronomique, assure Michel Joux. Tout le monde sera consulté : maires, chasseurs, écologistes… En l’absence de consensus, le projet ne se fera pas. »

Après obtention du permis de construire, Agrilea vendra le projet à une société d’exploitation qui installera et gérera les parcs. Le monde agricole recevra 40 % des bénéfices, les collectivités locales 35 % et l’énergéticien 25 %.

Complément de revenu stable

« N’importe quel agriculteur actif de l’Ain pourra, s’il le souhaite, adhérer à une société d’investissement gérée au niveau départemental, reprend Michel Joux. C’est elle qui prendra 40 % des parts dans les sociétés d’exploitation de chaque parc. Ainsi, tous les agriculteurs pourront en profiter, même ceux n’ayant pas de terrains propices. » Pour partager cette manne, un plafonnement des parts est envisagé.

Un pacte d’associés en cours de rédaction posera les garde-fous. Le revenu photovoltaïque doit rester inférieur au revenu agricole : « Pas question de verser une rente pour des agriculteurs qui cesseraient d’être actifs ! Au contraire, la perspective d’un complément de revenu stable doit favoriser la transmission et l’installation », veut croire Michel Joux.

Rien n’empêchera un individuel de porter son propre projet. Mais Agrilea apporte une chose rare et précieuse : le consensus territorial. Deux sites sont déjà identifiés. En revanche, l’agrivoltaïsme n’est pas au programme : la crainte est trop forte de voir de grandes surfaces accueillir des projets où l’agriculture ne serait plus qu’un alibi.