Repousser la vente d’agneaux mâles bio nés entre la mi-mars et le début de mai, jusqu’au premier trimestre de l’année suivante en minimisant la distribution de concentré est possible, mais cela demande de la technicité. C’est le résultat d’une étude conduite dans deux lycées agricoles (Tours-Fondettes dans l'Indre-et-Loire et Vendôme-Montoire dans le Loir-et-Cher) entre 2021 et 2022. « L’enjeu, c’est de développer l’offre d’agneaux au premier trimestre dans la moitié nord de la France au moment où le marché en manque », explique Jean-Marie Mazenc, de Bio Centre (1).
À Tours-Fondettes, les 60 agneaux (vendéens et île-de-France) pesaient 30,3 kg le 5 août à la mise en lot. Ils sont restés sur une prairie naturelle où l’herbe était sèche jusqu’au 26 novembre. En 114 jours, ils ont pris 3,2 kg, soit 28 g par jour. La phase de finition a débuté dans la foulée sur des prairies pour trente d’entre eux et en bergerie pour les autres. Les prairies, feuillues, étaient de qualité. En bergerie, les agneaux étaient nourris avec du foin de qualité moyenne jusqu’au 12 février. Ils étaient ensuite complémentés avec un concentré composé de 80 % de triticale et 20 % de féverole. Leur consommation est restée modeste puisqu’elle s’élève à 7 kg au total par animal. Ils pesaient 34,8 kg à l’abattage tandis que ceux conduits sur prairies atteignaient 43,2 kg sans aucun concentré.
Maîtrise du parasitisme
Le lycée de Montoire a dû acheter 40 agneaux charmois pour compléter le lot de 20 berrichons du Cher de la ferme issu de sa ferme. Ils pesaient entre 20 et 25 kg en août à leur arrivée et sont restés ensemble sur une prairie de faible valeur jusqu’au 18 novembre. Le lot pâturage a ensuite rejoint une prairie de qualité moyenne, car le couvert végétal prévu (triticale x avoine x pois fourrager) n’avait pas poussé. À partir du 14 janvier, une complémentation comprenant deux tiers d’orge pour un tiers de luzerne déshydratée a été apportée. Chaque agneau a consommé 17,4 kg en moyenne jusqu’à l’abattage. Le lot bergerie disposait d’enrubanné et de foin. Ils ont consommé 37 kg du même complémentaire en moyenne. À l’abattage, le lot herbe pesait en moyenne 39,8 kg et le lot bergerie 33,6 kg.
La qualité des carcasses, même si elle reste correcte, est assez hétérogène. « Certaines étaient trop légères et à peine finies, constate Jean-Marie Mazenc. La finition à l’herbe a obtenu les meilleurs résultats. La transition est une phase délicate pour les agneaux qui doivent rentrer en bergerie après une conduite à l’herbe. » Les agneaux charmois sont ceux qui ont montré la meilleure capacité pour s’adapter aux à-coups alimentaires. « La maîtrise du parasitisme demande un suivi rigoureux. Les coprologies et la surveillance des animaux sont primordiales. Les premiers traitements réalisés à Montoire, par exemple, se sont révélés inefficaces car les strongles étaient résistants au produit utilisé. 12 agneaux ont péri. »