Arnaud Blanchard et Dominique Morel ont fondé une coopérative qui protège les données de ses adhérents et les rémunère s’ils acceptent de recevoir de la publicité. Arnaud Blanchard présente MyCo comme une nouvelle solution pour l’utilisateur d’internet, en rappelant « qu’aujourd’hui, ce dernier n’a pas le choix. Que ce soit le système chinois, où l’état récupère les données à des fins de surveillance, ou le système occidental des entreprises qui s’approprient la totalité du bénéfice, l’internaute n’en tire aucune contrepartie ».

Les deux associés se sont alors tournés vers le système coopératif. « Aujourd’hui, la valeur ajoutée de la donnée échappe complètement à son producteur. En utilisant une coopérative et une plate-forme dédiée, ce dernier reprend le contrôle de sa production », soutient Arnaud Blanchard. Moyennant 10 euros, il accède à une part sociale et devient l’adhérent de cette structure. Celle-ci lui fournit les outils pour maîtriser ses données. Le codirigeant ajoute « qu’ainsi, il connaît sa production et peut décider des informations qu’il est prêt à vendre, et les céder à qui il le souhaite ».

 

Dégager un bénéfice concret

Sur MyCo, les données sont réparties en trois catégories. La première regroupe les informations à caractère privé (photos, échanges avec des proches, etc.). Elles sont tenues secrètes, aucun bénéfice n’est possible.

La deuxième concerne les données déclaratives (habitudes de consommation, intérêts, etc.). Le but est de connaître et de dresser votre profil numérique. Pour un agriculteur, il s’agirait de sa rotation, la taille de son exploitation ou son parc de machines. L’utilisateur les renseigne via des quiz ou des jeux pour ne pas rendre l’opération rébarbative. Une fois le tableau de bord rempli et votre profil dressé, des marques entreront en contact avec vous. Dans un premier temps, elles vous exposeront à des publicités, puis elles s’adresseront davantage à vous. C’est ici que la valorisation est la plus importante. « Lorsqu’il est question d’un livre, la valeur de votre profil est de quelques centimes. En revanche, plus le prix du produit proposé est élevé, plus votre profil prend de la valeur. « Lorsqu’une pub pour un voyage vous est envoyée, le montant de votre profil augmente pour atteindre 2 à 3 euros, précise Arnaud Blanchard, avant de surenchérir que, pour un tracteur, la valeur peut atteindre plusieurs dizaines d’euros. »

La troisième catégorie, c’est le big data, c’est-à-dire le suivi automatique de votre comportement de navigation, habituellement collecté par les cookies ou les données que vos appareils transfèrent automatiquement. Ces dernières ne peuvent pas être vendues mais mutualisées entre plusieurs utilisateurs dans le but de créer des indicateurs de performance. Dans le cas d’un groupe d’agriculteurs, ceux-ci pourront comparer leurs pratiques et leurs résultats afin de les améliorer.

En dehors des données, MyCo est une coopérative. Des dividendes seront versés aux adhérents à la fin de chaque année. Pour le moment, elle est destinée au grand public. Mais selon les fondateurs, « une version adaptée et destinée aux agriculteurs est tout à fait envisageable dans un avenir proche, vu l’appétence du monde agricole pour le numérique ».

Le système de coopérative étant bien connu des exploitants, il ne tient qu’à eux de se regrouper pour valoriser l’énorme quantité de données qu’ils produisent.