«C’est un comble que l’agriculteur se voit proposer un service payant développé à partir des données qu’il a fournies ou qu’il a laissé capter », insiste Henri Bies-Péré, vice-président de la FNSEA, lors de la présentation de la charte sur les big-data de son organisation. Et pourtant, l’exploitation directe des informations brutes par les agriculteurs est encore très rare. Dans la plupart des cas, elles sont mises dans une forme exploitable par un tiers, voire agglomérées avec d’autres données d’exploitation avant d’être revendues sous la forme d’un OAD (outil d’aide à la décision).
Solutionsde constructeurs
La plupart des constructeurs d’automoteurs ont désormais une offre de télématique. Les exploitants peuvent accéder aux informations remises en forme pour être exploitables. Il est plus compliqué, ou impossible, de les récupérer brutes. La télématique et la documentation parcellaire sont des options coûteuses. Elles n’équipent que les versions les plus haut de gamme. Dans ces conditions, les agriculteurs peuvent accéder gratuitement à la plupart de celles que les constructeurs estiment intéressantes pour l’exploitation (géolocalisation, consommation, charge du moteur…). En revanche, internes à la machine, comme les paramètres de l’injection ou de la transmission, elles ne sont accessibles qu’aux concessionnaires.
Collaborationentre agriculteurs
Favoriser l’échanger des données entre agriculteurs est l’objectif des organisations professionnelles. Pour le moment, l’intervention d’un tiers est nécessaire. C’est le cas avec les stations météo connectées. Chaque fournisseur propose à ses utilisateurs de les ouvrir et de laisser les autres clients de la marque y accéder. Il faut toutefois accepter de les communiquer pour voir celles des autres. Cette solution est très prisée de ceux qui exploitent des parcelles éloignées. Lely propose également aux éleveurs équipés d’un robot de traite de partager leurs indicateurs (coût alimentaire, TP, TB…). Il s’agit ici de se comparer pour progresser.
Bénéficier des données des instituts techniques
Les quinze instituts techniques et l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) n’entendent pas non plus rater le train des big-datas. Ensemble, ils ont créé API-Agro. Le but de cette plate-forme est de mettre en commun toutes les données collectées par les instituts techniques et les chambres d’agriculture. Celles-ci pourront ainsi être mises à disposition des acteurs du développement agricole, voire des exploitants. Selon leur nature, l’accès sera gratuit ou payant.
Deux services sont déjà déployés. Il s’agit d’une cartographie hebdomadaire de la situation agroclimatique des céréales. Elle est obtenue en croisant des données météorologiques et agronomiques. Appelé Climalert, ce service est né de la catastrophe climatique survenue en 2016 sur les céréales. L’autre service consiste en un suivi des ravageurs des cultures en relation avec les pratiques agricoles. Les informations d’épidémiosurveillance, les interventions et les enregistrements des pratiques, notamment pour le colza, sont croisées.