C’est un exemple d’intégration au territoire. Méthamoly est une unité de méthanisation située à Saint-Denis-sur-Coise (42) dans les Monts du Lyonnais. Elle est portée par un collectif de douze agriculteurs, qui rendent service à leur territoire au travers de cette installation. « En plus de nourrir les gens, nous les chauffons, nous traitons leurs déchets et nous permettons même à certains de se déplacer » sourit Aloïs Klein, président de la SAS et éleveur de vaches allaitantes.
Ce projet, initié en 2012, injecte du biométhane dans le réseau gazier depuis 2019. Il a la spécificité d’intégrer une part importante de biodéchets dans sa ration. En plus des 12 000 t d’effluents d’élevage, ce sont 4 000 t de déchets d’industries agroalimentaires et autant issus de la restauration hors foyer qui sont digérés sur le site.
Biofiltre à odeur
Malgré la forte odeur de certains intrants, aucun trouble de voisinage n’a été observé. Des riverains vivent pourtant à moins de 300 m de l’installation. « Nous nous sommes équipés pour traiter correctement ces biodéchets sans générer de nuisance, explique Aloïs. Il faut être sérieux, et ne pas entasser ces déchets dans un silo en extérieur. »
Leur réception se fait donc dans un bâtiment muni d’un dispositif de traitement des odeurs. Un circuit de ventilation canalise l’air et l’envoie dans un biofiltre. « À la base, c’est simplement des graviers et de l’eau avec un pH basique, glisse Aloïs. Des bactéries se développent dedans et elles se nourrissent des composés organo-volatils, responsables des mauvaises odeurs ». L’air est ensuite relâché dans l’air extérieur sans créer de gênes.
Hygiénisation
L’utilisation de biodéchets implique un traitement avant l’envoi vers le digesteur. Il s’agit de garantir l’innocuité biologique de ces intrants pour la flore bactérienne du digesteur d’une part, et pour l’environnement et la santé publique d’autre part. « La collecte et le déconditionnement sont réalisés par l’entreprise lyonnaise Ecovalim. La matière qui arrive est prête à être traitée, souligne Aloïs. Ensuite, chaque type de déchet a un équipement dédié pour sa réception. Tout est broyé à 12 mm, avant de passer une heure à une température de 72 °C. »
Chez Méthamoly, les digestats reçoivent un suivi poussé, avec des analyses réalisées toutes les 2 à 4 semaines. « La méthanisation demande de la rigueur, insiste Aloïs. Si on travaille n’importe comment, nous allons générer des nuisances et nous aurons des problèmes. »