Prévenir plutôt que guérir, tel est le credo de Jean-Marc Onno, polyculteur-éleveur et méthaniseur à Moustoir-Remungol, dans le Morbihan. Après avoir subi quelques déconvenues avec son procédé de production en infiniment mélangé, il anticipe désormais les problèmes, et modifie à son idée. Ce fut notamment le cas il y a un an, lorsqu’il a dû remplacer le brasseur vertical du digesteur. Il a analysé les faiblesses sur l’ensemble de la chaîne. « Au bout de sept ans, les pales du brasseur étaient vraiment très fatiguées. J’en ai déduit que c’était le fait du caractère abrasif des sables accumulés en fond de cuve, souligne-t-il. Cette usure prématurée aurait pu être vérifiée au variateur de fréquence si j’en avais disposé. Par exemple, si la tension est faible, une pale peut tomber. Si elle est forte, c’est qu’il y a aussi un problème. »

Obtenue à partir de différents dépôts calciques, siliceux, et autres minéraux apportés par les intrants, cette accumulation de sables a représenté jusqu’à 500 m3 de sédiments, plus 200 m3 de matières visqueuses épaisses.

Pour pallier le problème, Jean-Marc a non seulement changé le brasseur vertical, mais il en a aussi ajouté un, incliné. Ce dernier est décalé sur le côté. L’objectif est d’installer un brassage créant la motte sédimentaire de côté par rapport au système vertical central. Un autre, incliné, va également être mis dans le post-digesteur, à la place du brasseur rapide actuel. « Il a fallu, par ailleurs, disposer le moteur à l’extérieur, décrit l’éleveur. Cela permet d’intervenir plus facilement en cas de panne. Dans la même logique, j’ai fait installer des bâches sur le post et sur le post-post-digesteur. Il suffit de les enlever pour intervenir. C’est moins contraignant que la couverture en béton. »

Plus de sections

Une autre modification a été apportée par Jean-Marc Onno. Ce dernier a multiplié les sections entre le digesteur et le post-digesteur. Il a tout d’abord élevé le raccord aérien de circulation du biogaz pour diminuer les risques liés aux mousses et aux vagues. Il a ensuite placé un jeu de vannes de manière à pouvoir nettoyer l’intérieur du tube. Il a aussi prévu une légère descente en direction du post-digesteur. Plusieurs mètres en-dessous, au niveau des bases des digesteur et post-digesteur, le tube de liaison directe entre les deux cuves a été supprimé.

« J’ai voulu un système complet de vannes pour travailler si besoin dans toutes les directions, précise Jean-Marc. L’objectif est d’avoir l’ensemble des solutions disponibles pour rincer et déboucher tout le circuit, dans tous les sens. »

L’une des originalités du procédé de Jean-Marc Onno est l’ajout d’un post-post-digesteur. Cette troisième cuve permet de collecter encore plus de biogaz. « Elle est placée en alignement des deux premières, décrit Jean-Marc. Une pompe de relevage en sortie du post-digesteur est chargée d’y envoyer la matière. » Une fois tiré le maximum de biogaz, avec un allongement du temps de séjour, le digestat est envoyé vers une fosse de stockage couverte. Sans subir une séparation de phase, il est directement pompé pour être épandu sur les parcelles avec une tonne.

Maximiser la production

Pour améliorer et optimiser encore son installation, Jean-Marc Onno aménage une fosse de stockage des graisses et jus de cuisson. Il pourra mieux gérer les livraisons, voire en accepter davantage, ainsi que mieux maîtriser le dosage de la ration.

C’est une dépense qu’il effectuera après les 15 000 euros réglés pour les modifications des multiples réseaux en 2012. Sans compter les brasseurs il y a un an, et les dépenses liées à la montée en puissance de la production. Car Jean-Marc a démarré la méthanisation en 2010 avec une cogénération de 110 kW électriques, après trois ans d’études et de travaux. Puis il a rapidement ajouté un moteur 2G de 220 kW, en 2013, pour augmenter la production totale à 2 350 MWh/an électriques et 2 500 thermiques. Si la production de biogaz est réalisée par des microorganismes vivants, en modifiant son système, l’agriculteur se charge d’animer continuellement l’écosystème.