Voie liquide ou voie sèche, le choix du procédé n’était pas évident. Luc Marchal, Nicolas Marchal (son neveu) et Cyril Dubois (le beau-frère de Nicolas) ont finalement penché pour la seconde solution. Engraisseurs en bovin viande et en porc à Sornay (Saône-et-Loire), ils ont littéralement été effrayés en 2009 par la main-d’œuvre et la gestion du procédé en voie liquide lors de la visite d’une ferme équivalente. « À cette époque, nous nous sommes concentrés sur la réalisation de toitures photovoltaïques. Nous avons obtenu le tarif d’avant moratoire », explique Luc. Avant de se lancer vraiment dans la méthanisation, nous avons assisté à une réunion en 2013 sur le sujet. C’est là que nous avons rencontré pour la première fois Méthajade (1). Nous avons demandé une étude de faisabilité au bureau d’étude suisse EREP. Un appel d’offres a ensuite été lancé pour la construction d’une unité en voie sèche. Méthajade était mieux placé financièrement. Nous visitions alors leurs premières unités dans l’Ouest. »
Avec 4 500 t annuelles de fumiers et 1 000 m3 de lisiers de porcs, le Gaec se sent « armé pour la voie sèche. » Pas question pour eux d’ajouter de l’eau et de « multiplier les volumes par deux » pour passer en infiniment mélangé. La mise en route s’est faite en juin 2015. Mais il a fallu environ neuf mois pour que l’unité tourne à plein régime.
Calculs sur le moteur
« Le moteur a été, par exemple, revu, précise Luc. Nous sommes passés sur une capacité de 160 kW au lieu des 120 kW prédéfinis. Il y a eu aussi beaucoup d’arrêts à cause d’alertes, comme le nettoyage des bougies. » Des modifications ont été apportées par rapport aux premières unités de Méthajade. « Les garages digesteurs ont, par exemple, bénéficié de membranes souples au lieu de plafonds bétons, décrit Nicolas. Cela assure une réserve de biogaz plus importante. Il y avait aussi, à l’époque, un problème de maintien des températures dans les garages. Le percolat n’était en fait pas assez chaud. Désormais, le percolat jeune est arrosé en fin de production, et le vieux est arrosé en début de production. Les flux sont ainsi croisés, et les températures de percolat sont maintenues à environ 45°C. » Préparation des matières et longueur des cycles ont aussi été revues. Au lieu de 14 j x 4, les associés ont raccourci les cycles pour passer à 9 j x 4. Cela correspond mieux à la courbe de production qui monte puis redescend assez vite. « La production a enfin été momentanément stoppée pour renforcer les murs qui avaient tendance à s’écarter sur d’autres unités », poursuit Luc. Les associés limitent aussi la hauteur de remplissage en préventif. Quant à l’acquisition du retourneur d’andain, elle s’est faite après observation sur le tas. »
« Au départ, nous ne mélangions pas mais nous avons essayé le retourneur de la Cuma, raconte Nicolas. Aux vues du bon résultat sur la pré-élévation de température, nous avons investi et nous retournons les tas 24 à 72 h avant de remplir les garages. Le but est d’entamer de l’hydrolyse sous les 50° C. La ration a aussi évolué. Au fumier et au lisier s’ajoutent 700 t/an de matières stercoraires, 700 t de Cive, 300 t de déchets de paille et de fabricant d’aliment. La ration contient au final 23 à 40 % de matières sèches. Sachant qu’il y a des échecs à 18 % et que d’autres égouttent à 19-20 %, nous avons optimisé une bonne partie du procédé. »
(1) Société spécialisée dans les unités de méthanisation en voie sèche, aujourd’hui filiale de Naskéo.