Rien ne rentre sans garantie d’hygiène dans le bâtiment porcin de l’EARL Robert - Le Thiec, à Béganne, dans le Morbihan. Impossible de pénétrer sans passer par la douche. Vêtements, sous-vêtements, bloc-notes et crayons sont fournis, seul l’appareil photo a été autorisé. « C’est exceptionnel. Normalement, aucun objet n’est introduit sans passer par une étape de fumigation. Et quand on va dans l’élevage, on ne ressort pas pour y revenir. On est équipé en petit matériel indispensable (outillage, matériel de bureau, nécessaire d’élevage) », indique Pierre-Yves Robert.
Un air épuré de ses particules
Ces règles d’hygiène très poussées sont en vigueur depuis 2015, quand l’élevage est devenu sélectionneur-multiplicateur pour la Cooperl. Trois imposants blocs de filtration d’air et de ventilation, équipés de deux puissants ventilateurs chacun, sont alors installés. Le bloc maternité dispose d’une puissance de ventilation de 30 kW et les deux autres de 60 kW chacun. En cumulant le tout, le débit de renouvellement d’air atteint 350 000 m3/h en moyenne et la pression 40 à 50 millibars au-dessus de la pression atmosphérique. « Les centrales de ventilation fonctionnent en moyenne à 30 - 40 % de leur capacité, précise Gwenaël Méfort, associé chez Athav, installateur du système. Cela varie selon la saison. Même encrassées, elles sont capables de fournir la puissance nécessaire au renouvellement d’air maximum. »
Il est néanmoins recommandé de limiter l’encrassement, qui agit sur la consommation d’énergie et la durée de vie des appareils d’« au moins vingt ans », assure Gwenaël Méfort. Pour cela, Pierre-Yves Robert nettoie et change régulièrement les trois niveaux de filtres. « Les préfiltres enlèvent les grosses particules. Ils sont nettoyés toutes les deux ou trois semaines au printemps, toutes les dix en hiver. Ensuite, on trouve les filtres appelés F7. Ils sont changés tous les dix-huit à vingt-quatre mois. Enfin, ceux nommés F9 sont renouvelés tous les trois ou quatre ans. » Les F7 épurent l’air à 95 %, avec une maille de filtration de 0,5 micron. Celle des F9 est, quant à elle, trente fois plus petite. Pas moins de 99 % des particules initiales sont filtrées. La maille est dimensionnée pour bloquer les vecteurs de maladies.
50 € de frais vétérinairespar truie et par an
De plus, au sein de l’élevage, on compte au minimum douze heures de lavage des salles et des couloirs par semaine. « L’hygiène est la clé de la réussite. On doit pouvoir se promener en chaussons. Les frais vétérinaires ont nettement diminué. Désormais, il faut compter moins de 50 € par truie et par an. Je n’utilise plus d’antibiotiques. Le seul vaccin est l’obligatoire Parvovirose-Rouget. Ici, on préfère le balai à l’aiguille », expliquent les associés. Fiers des améliorations apportées, ils développent, à présent, une activité de vente directe. Gildas Baron