Installé à Sermaise, dans l’est du Maine-et-Loire, Cédric Hubert cultive 170 ha. Reprise derrière son père, l’exploitation de La Brunetière est spécialisée dans la culture de semences de maïs (70 ha), de chanvre (17 ha) et d’oignons (8 ha). Cédric produit aussi du millet grappe (10 ha). « Comme les oignons et le chanvre, cette production est séchée sur place. Il y a derrière un enjeu économique fort. Si je livre une semence trop humide, je suis pénalisé. Dans le pire des cas, le lot peut être déclassé et je ne perçois pas un centime », explique-t-il.

Un enjeu économique
La ferme dispose aujourd’hui de trois aires de séchage couvertes, soit au total 450 m². La plus ancienne date des années 1970. Elle comporte deux cases de séchage au sol avec gaines enterrées et une troisième surélevée. « Dans les deux autres bâtiments, autoconstruits en 2003 et 2010, on reste sur du séchage au sol avec gaines enterrées. La seule différence se situe au niveau des grilles : l’aire de 2003 avait été aménagée pour des échalotes, les grilles ont des alvéoles plus grosses. »

Trois chantiers très différents
Le hangar de 2010 a représenté un investissement de 60 000 €. Il s’élève à 8 m de haut, « ce qui permet de benner sans difficulté et d’avoir, à l’intérieur, une bonne circulation de l’air ».
Pour aménager l’aire de séchage, Cédric a commencé par décaisser sur une hauteur « équivalente à celle d’un parpaing », puis coulé une dalle de béton. Dans la longueur, sur 8 m, il a posé des rangées de parpaings. Les grilles de séchage - des tôles perforées galvanisées espacées de 45 cm - reposent dessus. « Elles sont légèrement plus basses que la dalle, ce qui évite de riper quand on reprend les semences au godet. » À l’arrière du bâtiment, deux ventilateurs de type hélicoïdal ont été installés. Leur puissance, calculée par le fournisseur, est de 11 kW.

De la mi-août à début octobre, Cédric enchaîne trois chantiers de séchage. La campagne démarre avec les oignons. Récoltés autour du 10 août, ils sont, sitôt sortis du champ, vidés dans le séchoir puis repris au godet, « pour corriger la compaction liée au transport ». Récoltées à 90 % d’humidité, les ombelles doivent être ramenées à moins de 10 %.
Un brûleur si besoin
Pour atteindre ce stade, qui garantit le blocage de la germination, Cédric compte quinze à vingt jours. Pendant les huit à dix premiers, il ventile 24 h/24, puis uniquement en journée. Si le temps est humide, « j’ajoute un brûleur devant chaque ventilateur, à droite ou à gauche, mais surtout pas en face pour ne pas griller le moteur ».

Durant les trois semaines de séchage, l’agriculteur intervient deux à trois fois au télescopique, équipé d’une griffe, pour « creuser » le tas. « Ça permet de repérer d’éventuels noyaux humides. Jusque dans les années 2008-2010, les oignons étaient récoltés à la main. On coupait les têtes au sécateur en laissant 10 à 15 cm de queue. Aujourd’hui, la récolte est mécanisée, on laisse plus de tige (30-40 cm). Ça peut jouer sur l’humidité », évoque Cédric.
Après l’oignon, place au millet grappe. Destinée au marché de l’oisellerie, cette culture arrive à maturité autour du 10 septembre. Sa récolte est manuelle : une fois coupés, les brins sont liés par poignée, puis ils sont chargés sur un plateau. Dans le séchoir, « on entrecroise les poignées et on monte sur 2 m ». Le millet est récolté à 25 % d’humidité. Il faut une dizaine de jours pour le ramener à 12 %.

« Ce chantier est très différent de celui de l’oignon. La récolte étant manuelle, le tas monte progressivement de 50 cm par jour. » Absorbé par la récolte du maïs semence, celle du chanvre, ainsi que les semis d’automne, Cédric décale la livraison du millet grappe à la fin du mois de novembre ou au début de celui de décembre. « Pendant tout ce temps, il reste sur le séchoir. Une fois bien sèche, c’est une plante qui ne bouge plus du tout. »
Souffler de l’air chaud
Sitôt récolté - autour du 20 septembre - le chanvre semence est lui aussi vidé dans les aires de séchage puis étalé à la pelle sur 30 cm. « C’est un grand maximum. Mieux vaut rester autour de 20 cm. » Son séchage dure un peu plus d’une semaine et permet d’abaisser le taux d’humidité de 35 % à 9 %. Contrairement au millet et à l’oignon, l’usage des brûleurs est systématique. « Il faut également brasser le tas deux fois par jour. À défaut, on a très vite une pellicule qui se forme à 15-20 cm. Le tas prend en masse et monte en température », précise Cédric. Une fois sec, le chanvre est mis en big bags, puis enlevé par la coopérative.
Anne Mabire