Pascal Rouy élève des limousines au cœur de l’Auvergne, à Azerat, en Haute-Loire. Lors de sa conversion à l’agriculture biologique en 2010, il investit dans une grande stabulation. « Quand j’ai vu tout ce volume inutilisé au-dessus de l’aire paillée, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose de cet espace aussi vaste qu’une cathédrale, se souvient Pascal. J’ai pensé à ces grues pivotantes suspendues à griffe télescopique dans les fermes avec séchoirs. J’avais remarqué des grues forestières de la même marque (Steindl-Palfinger) qui étaient radiocommandées. C’était ce que je souhaitais. Je ne connaissais pas encore le prix de cette option, mais je n’envisageais même pas un devis sans cette radiocommande. »
Au total, le dispositif de manutention lui aura coûté environ 40 000 euros. « Je l’utilise quotidiennement et la commande à distance me procure un réel confort de travail. J’ai besoin de plusieurs bottes de paille par jour et je ne me voyais pas monter et descendre à chaque fois pour les éventrer. »
Paillage précis
L’outil lui sert principalement à manipuler la paille. « Tout d’abord, quand je rapporte les balles dans le bâtiment, je n’ai qu’à placer le plateau devant le portail ouvert. Je descends du tracteur, je prends la télécommande et je range les bottes avec la grue. » La griffe au bout du bras est elle-même pivotante suivant deux axes, et dispose ainsi d’une grande maniabilité. Le bras, triplement télescopique, s’allonge jusqu’à 12 m et couvre l’ensemble du volume intérieur du bâtiment. « Je bénéficie d’une très bonne visibilité sur mon travail, je suis au plus près de l’action et j’obtiens, grâce à cet équipement, un niveau de précision beaucoup plus fin, se réjouit Pascal. Quand je paille, je suis au milieu de mes vaches et il est important que je puisse les surveiller et passer du temps avec elles. Aussi, l’utilisation de ce dispositif ne crée pas de poussière. C’est mieux pour la santé des animaux comme pour la mienne. »
En ce qui concerne les limousines, le paillage semble être pour elles un moment important et agréable. Elles sont nombreuses à se frotter à la botte, à jouer avec la griffe et aident même l’éleveur à éparpiller la paille. Une fois la botte éventrée, il la disperse en tas qu’il reprend éventuellement avec une fourche. Le paillage des 2 100 m2 s’effectue en un peu moins d’une heure. C’est un instant privilégié de proximité entre l’éleveur et son troupeau. En outre, remplir les râteliers hémicylindriques devient un jeu d’enfant.
Curage et manutention simplifiés
La commande à distance de la grue n’était pas la seule demande spécifique de Pascal quand il a acheté sa griffe. « Je m’en sers essentiellement pour pailler, mais pas uniquement. J’ai demandé ce modèle en particulier, avec des doigts adaptés pour manipuler le fumier, indique Pascal. En hiver, quand les vaches restent au bâtiment, je cure la litière sans déplacer les animaux. J’installe la remorque au niveau du portail ou dans un couloir et j’enlève le fumier avec la griffe. Cela ne va pas aussi vite qu’avec un tracteur, mais il n’y a pas besoin de bouger les bêtes, les barrières, etc. Au final, je ne suis pas perdant. »
Une fois cet outil dans sa stabulation, l’agriculteur a trouvé d’autres manières de le valoriser, différentes de sa mission initiale. « J’y ai recours, aujourd’hui, pour toute sorte de manutention. Par exemple, quand je dois aplatir du grain, je mets un big-bag sur la griffe, je la positionne sous la vis à grains. Je place ensuite le big-bag au-dessus de mon aplatisseur, et le tour est joué. »
Peu d’entretien
Quand Pascal compare sa machine à un tracteur, il ne regrette pas son investissement. « Je dispose d’une capacité de levage suffisante. Avec le bras à 6 m de longueur, elle lève un peu plus d’une tonne. En bout de bras, elle prend aisément 500 kg. Et l’entretien est facile, si je la compare à un chargeur télescopique. Le vérin est situé directement dessus, l’accès est très aisé. Il y a quelques points de graissage, mais on y accède facilement. »
L’engin est électrique, ce qui allège les coûts de mécanisation. « La toiture est couverte de 1 500 m2 de panneaux photovoltaïques. Utiliser l’énergie électrique renouvelable produite sur place est en cohérence avec ma vision de l’autonomie. En outre, je n’ai pas besoin de passer du temps à faire le plein. La radiocommande est dotée d’une batterie qui tient environ dix heures d’utilisation. J’en possède deux, de façon à ce qu’il y en ait toujours une de pleine. »
Gildas Baron