Le virus influenza de type D (IDV) a été isolé chez le porc pour la première fois en France, a déclaré l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) dans un communiqué publié le 3 décembre 2024. Il s’agit d’un virus de la grippe, qui affecte principalement les bovins. Détecté dans une exploitation élevant à la fois des bovins et des porcins, la transmission du virus des bovins aux porcs « n’a pas pu être confirmée mais est très probable ».
Ce passage interespèce illustre l’intérêt de mener des recherches destinées à mieux étudier un éventuel risque de transmission du virus à l’être humain, souligne l’Anses, qui ajoute que la propagation de ce virus chez les porcs pourrait constituer un problème pour la santé animale.
Toux et éternuements
En octobre 2022, l’apparition de toux et d’éternuements chez plusieurs porcs d’un élevage mixte bovins et porcins en Bretagne conduit le vétérinaire en charge à envoyer des échantillons à un laboratoire d’analyse.
Après ces premières analyses, le laboratoire de Ploufragan-Plouzané-Niort de l’Anses a confirmé que le virus de l’influenza D était à l’origine des signes cliniques observés. « On savait que le virus pouvait affecter le porc mais c’est la première fois qu’il est isolé en France chez cette espèce », explique Gaëlle Simon, cheffe de l’unité de virologie et d'immunologie porcines du laboratoire.
Bâtiments proches
D’après l’éleveur, de jeunes taureaux avaient présenté une maladie respiratoire peu de temps après leur arrivée sur l’exploitation. Les scientifiques de l’Anses qui se sont rendus sur l’élevage ont observé que l’entrée de la ventilation du bâtiment des porcins était située à proximité du bâtiment des taureaux.
« Le virus a donc pu être transmis par voie aérienne ou via des outils ou des vêtements », conclut l’Anses. Une analyse de prélèvements complémentaires réalisés sur des porcs d’âges différents au sein de l’exploitation a montré que le virus a circulé entre les porcs, avant d’être éliminé.
Deux nouvelles mutations
Si l’étude a permis d’isoler une souche porcine d’IDV en France, confirmant la preuve sérologique de sa circulation dans le cheptel, elle a également signalé des mutations sur cette souche réassortie identifiée (1). En effet, deux nouvelles mutations ont été mises en évidence par les scientifiques en étudiant le génome du virus isolé chez les porcs. Des mutations qui pourraient « faciliter l’adaptation du virus à de nouvelles espèces », avertit l’Anses.
« Cet exemple rappelle l’importance de séparer les espèces au sein des élevages et de veiller à ne pas transporter du matériel non désinfecté d’une zone à l’autre », rappelle Gaëlle Simon. Cette souche réassortie « est probablement apparue chez les espèces bovines avant d’être transmise aux porcs », indique l’agence scientifique.
Surveillance nécessaire
Toujours selon l’Anses, l’adaptation du virus de l’influenza D aux porcs représente un risque pour la santé des animaux. « Le porc est connu pour être un hôte intermédiaire, facilitant l’adaptation des virus grippaux à l’humain. Une surveillance scrupuleuse s’avère donc nécessaire. »
Ailleurs dans le monde, le virus de l’influenza D a été initialement isolé en 2011 chez un porc, ainsi que chez diverses espèces, y compris chez l’homme. En France, des troupeaux de truies avaient déjà été testés positifs pour les anticorps de l’IDV, sans que le virus soit isolé. Il provoque généralement assez peu de signes cliniques chez les porcs. Le risque de transmission à l’être humain est très faible, les possibles cas de transmission recensés à ce jour restent incertains.
(1) Les réassortiments, soit le mélange du matériel génétique de deux virus similaires, se produisent entre les virus de la grippe.