«Quelle femme êtes-vous ? » Initiative intéressante : un groupe d’agricultrices de l’Allier a mis en ligne un questionnaire pour connaître la place des femmes et leur rôle dans la famille agricole, et leur incidence sur l’évolution des exploitations. Plus de quatre-vingts questions auxquelles elles peuvent répondre avant le 15 septembre (1). Aujourd’hui, de nombreuses femmes dirigent des exploitations – aussi bien que les hommes – et une part non négligeable des épouses d’agriculteurs travaillent à l’extérieur. Mais pendant longtemps, elles ont « aidé » leur mari sur la ferme, sans statut particulier, souvent sous la prédominance de la belle-famille, avec des contingences familiales et domestiques s’ajoutant au travail de la ferme. Ces temps sont en grande partie révolus, grâce aux combats des femmes, à des lois et des textes qui leur ont progressivement accordé droits et statut. De femmes d’agriculteur, elles sont devenues femmes-agriculteurs, sortant de l’« invisibilité » connue par leurs mères et grands-mères. Pour autant, des progrès restent à accomplir. Un quart des chefs d’exploitation sont des femmes. Mais entre 2 000 à 5 000 travaillent encore sur l’exploitation de leur conjoint sans statut, donc sans couverture sociale, et avec les risques que cela comporte en cas de divorce ou lors du départ à la retraite. Et un réel travail reste à faire pour la représentativité des femmes dans les organisations agricoles.
Un récent rapport du Sénat formule d’ailleurs quarante propositions pour améliorer la situation des agricultrices. Elles vont de l’accès aux aides à l’installation et au foncier, à l’articulation entre travail et famille, jusqu’à l’amélioration des retraites. Large palette ! Mais comme le rappelait une sociologue lors d’un colloque au Sénat : les agricultrices « proposent d’autres manières de faire, de travailler, de produire ». Bref, une richesse et une diversité qui ne peuvent qu’être profitables au secteur agricole !