Damien Ulmann, éleveur de limousines avec son père et son frère dans le Doubs, reprend l’exploitation de son voisin, Jean-Pierre Jacquemin - dont le cheptel est constitué de gasconnes - début 2019.

Avant que les deux sites fusionnent, Jean-Pierre, confronté à la diarrhée virale bovine (BVD) dès 1996, a accompagné la famille Ulmann dans la lutte contre la maladie lorsque celle-ci a touché leur exploitation en 2014. « Lors de la vente de cinq de mes limousines, les prises de sang ont révélé deux cas positifs. Jean-Pierre, à l’époque président du Groupement de défense sanitaire (GDS) du Doubs et d’Eurosanitaire (1), m’a aidé à mettre rapidement en place un protocole, explique Damien. L’ensemble des animaux a été mis en bâtiment. Des prises de sang ont été effectuées sur toutes les vaches, tandis que celles non portantes déclarées indemnes ont été vaccinées. à chaque naissance, les veaux ont été dépistés par bouclage auriculaire. Parmi eux, un a été identifié « infecté persistant immunotolérant » (IPI). Il a tout de suite été éliminé­ et, dès la fin de l’année 2014, j’ai cessé de rencontrer des problèmes. »

Ne pas relâcher les efforts

« Pour garantir mon troupeau indemne, j’ai poursuivi le dépistage des veaux. J’ai également pris soin, à l’entrée des nouveaux effectifs, de les isoler pendant un mois jusqu’à la réception des analyses », poursuit Damien.

Pour davantage de sécurité, il a arrêté d’acheter, il y a sept ans, des broutards issus de marchands d’animaux pour ne s’approvisionner que chez Jean-Pierre. « Ayant tous les deux enrayé la maladie dans nos cheptels, un seul contrôle administratif à l’introduction des bêtes était nécessaire par dérogation auprès du GDS. Sans intervention vétérinaire, ni prise de sang, j’économisais environ 30 € par animal pour les mêmes garanties sanitaires », précise Damien.

Cette maladie infectieuse et contagieuse, ayant un effet immunodépresseur, provoque de nombreux dégâts sur les bovins. « La BVD est l’une des maladies les plus coûteuses pour les éleveurs, expose Jean-Pierre Jacquemin. Dès 2010, le Doubs a été un département expérimental pour les boucles de prélèvement. Dans le même temps, nous avons lancé une action collective de dépistage par prise de sang sur tous les jeunes animaux. Beaucoup d’éleveurs, qui avaient été confrontés au virus, ont été volontaires, faisant ainsi baisser la pression virale. De 2010 à 2019, nous sommes passés d’une circulation virale détectée de 13 % à 3 %. Au vu des résultats, tous s’accordent à dire que l’éradication de la BVD est techniquement possible d’ici dix ans à partir de 2021. Nous bénéficions d’excellents outils de diagnostic, très précoces et, en cas de risque, la vaccination peut nous aider. »

Lucie Pouchard

(1) Entité du GDS, rebaptisée Sanitea depuis 2019, englobant les vingt et un départementsdu Grand-Est, les Hauts-de-France, ainsi que la Bourgogne­ - Franche-Comté.