La Cuma Agribocage, à Iffendic (Ille-et-Vilaine), compte sept chauffeurs et un apprenti pour une cinquantaine d’adhérents. Elle fait partie des grosses Cuma du département. « Elle a été créée en 2007 pour permettre à trois Cuma d’investir dans du matériel plus performant et de le renouveler régulièrement en mutualisant les surfaces, raconte Hervé Lesné, son président. À l’époque, il n’y avait qu’un seul chauffeur. » Une évolution qui illustre bien une tendance de fond. L’emploi progresse dans les 2 400 Cuma qui couvrent la Bretagne, la Normandie et les Pays de la Loire. Elles ont franchi le cap des 1 000 salariés.
À l’origine, les Cuma ont été créées pour investir en commun dans du matériel . « Depuis une vingtaine d’années, le salariat s’est développé car le matériel est mieux optimisé avec un chauffeur. Il tourne plus que lorsqu’il est utilisé par les adhérents et il est aussi mieux entretenu. Nous avons tout à y gagner », explique Laurent Guernion, président de la FRCuma Ouest, producteur de lait à Hillion (Côtes-d’Armor). « Face à la baisse de la démographie et à l’agrandissement des fermes, nous avons réfléchi à la façon de répondre aux besoins de main-d’œuvre sur les exploitations », poursuit-il.
Chantier complet
Première solution : la délégation des travaux. Aujourd’hui, les coopératives proposent de plus en plus à leurs adhérents des chantiers complets incluant le matériel et le chauffeur. Les demandes ont explosé pour les épandages. Elles sont en croissance pour les semis, la fauche en grande largeur et désormais le binage. « En trois ans, nous avons doublé les surfaces de semis de maïs en prestation complète, passant de 250 à 550 hectares », confirme Hervé Lesné.
Depuis 2016, les Cuma sont aussi reconnues groupement d’employeurs à part entière. Elles peuvent donc proposer du personnel à leurs adhérents sans obligation de matériel. Reste une problématique : le recrutement. Comme les agriculteurs, les Cuma n’échappent pas à la difficulté d’embaucher. « Nous réussissons à peu près à trouver des chauffeurs, même si les délais pour recruter se sont allongés de deux à trois mois. Quant à la recherche de mécaniciens, elle est plus difficile », admet Laurent Guernion.
Isabelle Lejas