Une opportunité, une rencontre, une stratégie : ainsi peut-on résumer en trois mots le succès de Ty (*) producteur. Cette marque a été lancée en 2010 par deux cousins, éleveurs de porcs, Patrice Le Blimeau et Sébastien Ollier, pour vendre quelques bêtes en direct.
Huit ans plus tard, Ty producteur a bien grandi : 35 personnes y travaillent à plein-temps pour écouler 95 porcs par semaine en moyenne, dans un magasin et sur les marchés. « En 2007-2008, en pleine crise porcine, nous avons réfléchi à mieux valoriser notre cochon », explique Patrice Le Blimeau. Les deux cousins étudient déjà un projet de maternité collective avec trois autres producteurs. Sans le naissage sur leurs exploitations respectives, ils savent qu’ils pourront dégager du temps.
La vente d’un atelier de traiteur dans la zone artisanale, à Kervignac, est l’élément déclencheur. L’emplacement est stratégique, à la fois proche de la ville de Kervignac (7 000 habitants) et de Hennebont (12 000).« Il y avait un laboratoire, une chambre froide, et un petit bureau, le nécessaire pour commencer, expliquent les éleveurs, qui ne voulaient pas ouvrir un magasin à la ferme. Nous avons acheté le tout pour 200 000 € compte tenu de l’atelier vieillissant, soit l’équivalent du prix du terrain dans la zone. La banque a suivi. »Une SARL est créée et avec l’aide d’une agence de communication, ils trouvent le nom Ty producteur et un logo. Côté élevage, pour se démarquer, les producteurs décident de nourrir leurs cochons aux céréales et aux graines de lin, et ainsi de les vendre sous la dénomination Bleu Blanc Cœur.
Un distributeurde saucisses
L’activité démarre en mars 2010 avec l’embauche d’un boucher pour transformer quelques porcs et les proposer en caissettes. Les colis sont vendus sur commande avec un retrait par semaine. Quand l’été arrive, les cousins ont l’idée de transformer un distributeur automatique de lait en y mettant des saucisses et des merguez. Une initiative originale - bien relayée par la presse locale - qui offre une bonne visibilité à la marque et fait grimper les ventes.Huit porcs sont découpés par semaine. Seuls des colis de viande fraîche et des saucisses sont vendus, mais la clientèle est demandeuse de charcuterie. Un jour, un client se présente pour récupérer un colis. Charcutier de métier, il est particulièrement intéressé par la démarche et se fait embaucher !
Four, fumoir, marmite… La SARL s’équipe en matériels pour faire de la charcuterie. Elle investit également dans un camion réfrigéré pour aller sur les marchés, et embauche une vendeuse. Petit à petit, la zone de chalandise s’étend à 40 km aux alentours du laboratoire, avec 27 points de vente itinérants. Deux ans plus tard, la petite entreprise compte six salariés et deux camions.
Le développement se fait grâce au bouche-à-oreille. « À part quelques flyers, nous n’avons pas de budget de communication », confirme Sébastien. Les associations sportives font de plus en plus souvent appel à la SARL pour des barbecues. Elle est présente lors des grandes fêtes estivales. Elle fournit aussi quelques écoles et collèges. « Pour développer l’activité avec les collectivités, il était indispensable d’avoir un laboratoire disposant d’un agrément communautaire. Le nôtre était arrivé à saturation », poursuit-il.
L’année 2015 marque une étape supplémentaire. Un laboratoire flambant neuf, agréé, d’une capacité de 8 000 porcs par an, est construit. De nouvelles embauches de personnel suivent. C’est l’occasion de repenser le site en construisant un magasin d’une surface de 130 m². L’investissement total atteint 2 millions d’euros (M€).
Des prix attractifs
Depuis le démarrage de la diversification, la stratégie est la même : « Une politique de volume en jouant sur des prix attractifs. » Ty producteur écoule 5 000 porcs par an. La moitié provient de l’élevage de Patrice, et l’autre de celui de Sébastien. Le prix est ajusté pour que les éleveurs s’y retrouvent, tout en permettant à l’entreprise de rester compétitive. Dans le porc, toute la difficulté est de trouver le juste « équilibre matière ». « L’été, nous montons à 110 porcs par semaine. Et avec le nouveau laboratoire, nous pourrons fournir les collectivités pendant les périodes plus creuses », indiquent les deux cousins, jamais à court de projets.
(*) Maison en breton.