Lou Pastre, le berger, accueille les visiteurs du musée provençal du costume et du bijou de Grasse. Un chapeau de feutre noir sur le crâne, il tient son bâton et une lanterne. Un mannequin de taille réelle figure un vieil homme enveloppé dans sa cape en toile doublée de laine. Ce vêtement a appartenu à Honoré Roland, berger à Mons (Alpes-Maritimes) au XIXe siècle. Pour enrichir l’exposition « Des santons en Provence », le musée l’a empruntée, ainsi que d’autres accessoires d’époque, à des amoureux de l’histoire rurale.
Le berger est le premier personnage de la crèche à qui l’ange Gabriel annonce la naissance de Jésus. À la fois guide spirituel et homme de la terre, il mène son troupeau en Camargue, comme sur le pierreux plateau de Caussols, ici représenté en miniature.
La crèche provençale restitue depuis près de trois cents ans le pastoralisme. Traditionnellement, les villageois et les personnages religieux se côtoient dans des scénettes populaires. « On y voit tous les habitants qui avaient besoin les uns des autres, explique le créchiste Nicolas Canet. Le mot provençal “santoun” signifie “petit saint”. Modelé dans la même terre d’argile, chaque personnage est un saint, le berger comme la riche Arlésienne. »
Une vingtaine de figures emblématiques sont habillées avec soin de pièces anciennes, provenant de la collection du musée. Celui-ci a été créé en 1997 par Hélène Costa, passionnée par les jupons piqués et les parures de dentelles. Ces vêtements évoquent la vie des paysannes, des artisanes et des bastidanes (1).
L’exposition se termine avec le trio des âges de la vie, incarné par la jeune femme qui coupe la lavande, la Mamé qui tricote, et la bergère fileuse qui, entre la quenouille et le rouet, fabrique le fil du temps. À leurs côtés, les petits santons de Benjamin Rosell et Maxime Codou dansent la fin de la moisson en brandissant leurs faucilles devant un champ de lavande. Les personnages incarnent le dur travail, sous le soleil de juillet, pour tirer un revenu de la terre. Le puits rappelle combien l’eau est précieuse et les trois cyprès qui entourent le cabanon symbolisent les éléments de l’hospitalité : l’eau, le couvert et un toit.
(1) épouses des propriétaires terriens vivant dans les bastides (belles demeures provençales).