Le périple commence par une belle descente depuis le col de Tizi n’Tichka, à 2 260 mètres d’altitude, entre les montagnes couleur ocre du Haut Atlas. Mohammed avance tranquillement au pas de sa mule vers le village de Télouet, ancienne étape pour les caravanes qui remontaient de la lointaine Tombouctou. À VTT, il suffit de freiner pour s’adapter à son allure et engager la conversation. « J’y vais chaque semaine faire mes courses : sucre, thé, épices… », explique le septuagénaire en burnous. Cette rencontre sera la première d’une longue série jusqu’aux premières dunes du Sahara, en passant par la vallée du Drâa.
Une caravane cycliste
Grâce au vélo à assistance électrique, les côtes se franchissent sans s’épuiser. Chacun dose son effort selon son niveau sportif, tous au même rythme. Le deuxième jour, au réveil, il neige sur l’Atlas, subitement vêtu d’un blanc manteau. La température grimpera vite le long de la vallée de l’Ounila, l’une des plus jolies petites routes du Maroc, entre ses hameaux en pisé blottis dans les rochers. Les VTTistes pique-niquent au bord de l’oued (rivière) en manches courtes, un thé à la menthe pour se désaltérer.
Le thé à la menthe, symbole de l’hospitalité marocaine. © Mathilde Giard
La piste débouche sur l’imposante casbah d’Aït Ben Haddou, classée au patrimoine de l’Unesco et décor du film Gladiator et de la série Game of Thrones.
Dans la vallée du Drâa, l’itinéraire serpente à travers la plus grande palmeraie du monde, d’oasis en oasis. Les fellahs (paysans) travaillent dans les champs de blé, de maïs ou de luzerne, irrigués selon un système ancestral. Dans les villages berbères les plus reculés, les enfants saluent d’un grand sourire ces visiteurs sur deux roues, non cachés par la vitre teintée d’un 4 × 4…
Le groupe met pied à terre pour bavarder avec un cordonnier ambulant installé au coin d’une ruelle, sur la terre battue. Bouchaib passe tous les mois et on lui apporte des souliers à réparer.
L’aventure se poursuit par une incursion au-delà de Zagora, « porte du désert ». Mais voilà l’heure de faire demi-tour : la petite caravane cycliste ne pédalera pas jusqu’à Tombouctou…