Il a connu le succès avec L’île au trésor en 1883, puis la gloire avec L’étrange cas du docteur Jekyll et Mister Hyde trois ans plus tard. Au sommet de son art, l’écrivain écossais Robert-Louis Stevenson choisit de s’installer en 1889 à Upolu, l’île principale des Samoa, dans l’ouest de l’océan Pacifique sud. Celui qui est tôt surnommé Tusitala, « le conteur d’histoires » par les Samoans, prétend vouloir y bénéficier du climat des Tropiques pour soigner un emphysème pulmonaire. Mais sa subite fièvre pour le bout du monde cacherait une autre volonté.
Une immense maison de maître
Quand l’écrivain aventurier voit sa santé décroître, rongée par l’humidité, il s’obstine en effet à rester sur son île. Sur place, il étonne. Avec sa famille, il mène grand train et dépense plus que ses livres ne lui rapportent. Il a fait construire une immense maison de maître, nommée Vailima.
La maison a depuis été transformée en musée et le mystère de la richesse de Robert-Louis Stevenson est demeuré entier. La visite de sa demeure enchante tant il semble avoir tout juste quitté les lieux. Le chemin, qui mène au mont Vaea qui la surplombe, procure aussi son lot d’émotions. Après cinq ans d’une vie luxueuse aux Samoa, il succombe à un accident vasculaire cérébral et est enterré sur le sommet où il aimait regarder à l’horizon l’île Tafahi, tombée dans l’oubli.
Ce point sur l’infini cristallise depuis peu toutes les attentions. Car son nom ancien, passé sous silence par l’Écossais, vient d’être découvert : avant le XIXe siècle, il était appelé l’île Coco. Pendant longtemps, chercheurs et biographes ont désigné une terre insulaire baptisée de la même façon, au large du Costa Rica, en Amérique du Sud, comme l’incarnation de L’île au trésor de Stevenson. Mais fouillés de fond en comble, ses sols n’ont livré aucun or. Lui n’a jamais confirmé l’existence de cette figure de l’Eldorado.
La découverte récente du nom d’origine de l’île de Tafahi a relancé l’énigme. Les Samoans estiment avoir trouvé le trésor depuis longtemps en leur « conteur d’histoires ». Après le départ de sa famille pour les États-Unis, les Polynésiens ont conservé la propriété intacte. Vailima, qui signifie « eau dans la main », donne désormais son nom à la bière locale. Rosanne Aries