Une expertise collective menée en 2015-2016 a permis de faire le point sur les multiples impacts de l’élevage européen. Conclusion : les impacts négatifs concernent majoritairement l’environnement. Mais « il faut se méfier des raisonnements simplistes », avertit Jean-Louis Peyraud, directeur scientifique adjoint en charge de l’agriculture à l’Inra. Les simulations laissent penser que la suppression complète de l’élevage ne permettrait pas d’atteindre les plus hauts niveaux de service environnementaux.
« L’élevage a un rôle primordial dans la fertilisation des sols et contribue à maximiser la production alimentaire par unité de surface », poursuit-il. Il permet, en effet, le recyclage des coproduits des cultures et valorise des espaces incultes. « Pour couvrir les besoins alimentaires d’un végan, il faut plus de surfaces que pour ceux d’une personne dont le régime inclut des produits d’origine animale », estime Jean-Louis Peyraud.
Réduire la part des protéines animales dans les pays développés
Au travers des prospectives Agrimonde et Agrimonde-Terra, les scientifiques ont dessiné les contours d’un régime alimentaire durable. Ce régime est qualifié de « sain » car il favorise l’équilibre nutritionnel. Il permet de nourrir 9,7 milliards d’habitants à l’horizon de 2050, sans augmentation notable des surfaces cultivées et avec une augmentation modérée des surfaces pâturées (moins de 10 %) au détriment de la forêt.
« La mise en place d’un tel régime impliquerait des changements alimentaires différents selon les zones du globe, explique Bertrand Schmitt, directeur de recherche en économie à l’Inra. Dans les pays développés, les apports caloriques totaux devraient diminuer et la part des protéines végétales augmenter aux dépens des protéines animales. Les tendances inverses seraient souhaitables dans certaines zones du globe, actuellement en situation de sous-nutrition et de carences. »