Il a découvert le quinoa en 2008, en dînant chez une amie à Paris qui estimait, à l’époque, avoir beaucoup de mal à en trouver. Dans l’esprit de Jean Lefèvre, alors jeune agriculteur à Ognes, dans l’Oise, la remarque n’a fait qu’un tour. Rentré chez lui, il s’est mis en quête de semences. « J’en ai acheté un sachet de 34 g pour voir à quoi ressemblait la plante et si elle poussait chez nous », indique-t-il. L’année suivante, il en a commandé 1,8 kg et depuis, chaque année, la surface qu’il consacre au quinoa a doublé. En 2016, ce sont 14 hectares que Jean Lefèvre va implanter à côté de ses cultures classiques, céréales, betteraves et colza. Lorsqu’il a rejoint son père sur l’exploitation familiale, après un BTS agricole, des études de gestion et un début de carrière dans la grande distribution, il était à la recherche d’une production qui pourrait lui apporter des contacts avec les clients.

« Avec le quinoa, ma curiosité a été comblée, ajoute l’agriculteur picard. Tout était à faire ! » Pour valoriser cette graine pleine de qualité appréciée des consommateurs à la recherche d’exotisme, il a mis les bouchées doubles, aussi bien pour maîtriser la culture que sur le plan commercial.

Un rendement de 0,8 à 1,2 tonne/ha

De la densité de semis au triage des graines, il lui a fallu avancer pas à pas. « Je sème le quinoa en général en avril et jusqu’à présent avec le semoir à betteraves à un intervalle de 45 cm, explique-t-il. Cette année, je vais tester le semoir à céréales avec un inter-rangs de 22 cm. » Jean Lefèvre a opté pour une densité de semis de 7 kg/ha s’il achète les semences, et de 15 kg/ha s’il utilise les siennes.

Jean Lefèvre a testé de nombreux herbicides mais s’est très vite rendu compte que la seule solution pour contrôler les mauvaises herbes était le binage mécanique dans l’inter-rangs et le binage manuel sur le rang. L’an dernier, pour désherber ses 7 ha de quinoa, il a fait appel à 20 saisonniers pendant quinze jours. Le quinoa est récolté entre le 15 septembre et le 15 novembre à la moissonneuse-batteuse. Le rendement net oscille entre 0,8 et 1,2 t/ha sauf accident. Les graines qui contiennent beaucoup d’impuretés sont triées et séchées à la ferme, puis conditionnées dans des sachets de 250 g, 500 g, 1 et 2 kg.

L’agriculteur commercialise sa production auprès de trois magasins locaux, deTerroir de Picardie qui approvisionne des magasins indépendants et des grandes surfaces, de la plate-forme internet « La Ruche qui dit Oui ! », un restaurant locavore, et du traiteur Séson avec lequel il étudie la possibilité de proposer du quinoa sous-vide déjà cuit. Avec un prix de 3,5 à 7 € le sachet de 250 g, selon le volume et la distance de livraison, il n’a aucun souci pour écouler sa production. Il estime faire du bénéfice à partir d’un rendement de 0,8 t/ha.