Contrairement à tant d’autres qui, faute d’avoir la moindre chance d’être élus, cherchent un brevet de notoriété, Nicolas Hulot a eu le bon esprit de ne pas se présenter à la présidence de la République. L’écologie reste, pourtant, au cœur de nos préoccupations. Mais en faire un parti politique rappelle la phrase cruelle proférée lors des attaques sanguinaires de 14-18 : « La guerre est (devenue) une chose trop sérieuse pour être confiée aux militaires ! » L’écologie n’est-elle pas une chose trop sérieuse ?…

Bien sûr, j’ai vu depuis mon enfance se raréfier les vers luisants, les chauves-souris, les grenouilles, les hannetons qu’on enfermait dans des boîtes d’allumettes méchamment ouvertes en classe, mais de là à s’appesantir sur le sort des libellules, il y a de quoi hésiter. Car la vie, dans une certaine mesure, s’est toujours adaptée à l’évolution, comme en témoigne la récente observation des oiseaux migrateurs, dont les ailes se raccourcissent sous l’effet du changement climatique, épargnant de très longs vols. On impose, d’autre part, tels principes de précaution, alors qu’un seul facteur du dilemme qu’il induit est quantifiable. On peut, en effet, calculer, à la rigueur, la nocivité d’un pesticide. On ne connaîtra jamais avec précision l’impact qui peut résulter de sa non-utilisation sur le mal-être général. L’écologie, la vraie, est porteuse de visions plus vastes et inquiétantes : baisse des réserves aquifères continentales et montée des eaux océanes, faim et soif pour les uns, migrations d’une ampleur inconnue pour les autres. L’écologie ne se présente plus comme un choix politique, mais comme un élément fondamental d’une réflexion universelle. Aussi, la volonté d’agir selon la COP21, ou de faire réfléchir selon l’encyclique Laudato si, sont-ils les signes d’une vision d’avenir hors des circuits électoraux.