« Au vu de l’offre et de la situation de l’huile de cuisson, et comme il faut prendre en compte 17 millions de personnes employées dans le secteur de l’huile de palme […], j’ai décidé que les exportations d’huile de cuisson pourront reprendre le 23 mai », a déclaré le président indonésien Joko Widodo le 19 mai 2022 dans une brève déclaration diffusée en ligne.
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Éviter des tensions sociales
L’Indonésie, premier producteur mondial d’huile de palme, avait décrété une interdiction des exportations le 28 avril 2022. Cette décision avait été prise face à une pénurie et une flambée des prix de l’huile de cuisson à base de cette huile la plus largement utilisée dans l’archipel de l’Asie du Sud-Est, ce qui menaçait d’entraîner des tensions sociales.
Les consommateurs les plus modestes ont dû ainsi patienter des heures devant les centres de distribution d’huile à prix subventionnés dans de nombreuses villes du pays. « Même si les exportations reprennent, le gouvernement va observer strictement la situation pour s’assurer que la demande soit satisfaite à un prix abordable », a affirmé le président.
En annonçant la suspension des exportations, Joko Widodo avait souligné que l’approvisionnement de la population indonésienne constituait « la plus haute priorité ». Cette annonce, qui a contribué à pousser les prix des huiles végétales à des sommets historiques, a été critiquée, alors que l’Ukraine, qui assurait 50 % du commerce mondial d’huile de tournesol, ne peut plus non plus exporter en raison de la guerre.
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Des producteurs soulagés
Les producteurs indonésiens d’huile de palme ont manifesté la semaine dernière, se plaignant que les prix du fruit du palmier avaient baissé drastiquement. Le prix de gros de l’huile de cuisson a lui baissé, de près de 20 000 roupies par litre avant l’interdiction à quelque 17 200 roupies le litre, mais pas autant qu’espéré par les autorités.
Le secteur de l’huile de palme est soulagé par cette annonce, d’autant que les capacités de stockage approchent de la saturation. « La situation est très difficile parce que les réservoirs sont tous pleins. Nous espérons qu’avec la reprise des exportations, la production d’huile de palme pourra retourner à la normale », a dit Eddy Martono, secrétaire général de l’Association indonésienne des producteurs d’huile de palme (GAPKI).
Le président de l’Association des exploitants de plantations d’huile de palme Gulat Manurung s’est engagé à répondre à la demande nationale. « Nous, exploitants de plantations d’huile de palme, promettons d’aider à ce que l’approvisionnement d’huile de cuisson sur le marché intérieur soit suffisant », a-t-il déclaré.
L’Indonésie assure quelque 60 % de la production mondiale d’huile de palme, dont un tiers est consommé sur son marché national. Elle a exporté 34,2 millions de tonnes l’an dernier pour l’huile alimentaire, mais aussi la fabrication d’une grande gamme de produits, des cosmétiques aux produits alimentaires. Ses plus grands clients à l’exportation sont l’Inde, la Chine, l’Union européenne et le Pakistan.