La Fnaf (Fédération nationale agroalimentaire et forestière), branche agricole de la CGT, a déploré dans un communiqué, vendredi 15 décembre, une « sérieuse détérioration » de la santé des ouvriers agricoles.
D’après le syndicat, un « accroissement continu » de travailleurs agricoles est déclaré inaptes au travail. Les principales inaptitudes sont d’abord les troubles musculo-squelettiques (56,3 %) et psychiatriques (26,3 %), d’après le syndicat.
Troubles musculo-squelettiques
Par son mode de travail (en extérieur et actif), le monde agricole est généralement moins victime d’affection de longue durée, excepté pour la maladie de Parkinson, d’après le rapport pour 2024 « Charges et produits » de la MSA.
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Mais certaines sont pointées du doigt par la Fnaf. Ainsi, les salariés agricoles sont surtout concernés par l’épilepsie (+8 % par rapport à la population générale), l’insuffisance cardiaque (+8 %) et les troubles addictifs (+9 %). Parmi eux, ceux liés à l’alcool sont les plus importants (+27 %) devant la consommation de cannabis (+7 %), alors que les non-salariés agricoles sont bons élèves, avec un taux d’addiction inférieur à celui de tous les régimes confondus (–5 % pour l’alcool, –15 % pour le cannabis).
Cause ou conséquence, la dépression et les troubles de l’humeur des salariés agricoles sont de 5 % supérieurs à la population tous régimes confondus.
Des contrats précaires en cause
« Il est établi que la crainte de perdre son emploi et les conditions de travail dégradées est associée à une altération de la santé mentale », soutient la Fnaf, qui pointe « la généralisation des contrats à durée déterminée, […] les salaires proches du Smic et l’exposition d’environ 10 % des travailleurs à des produits chimiques », responsables de l’accroissement de ces comportements addictifs et la hausse des inaptitudes.
La faute, selon le syndicat, aux réformes de l’assurance chômage et du RSA. La première, adoptée en février dernier, a notamment augmenté le minimum de durée de travail pour toucher l’indemnisation chômage passant de quatre à six mois. Une modification qui entraîne l’absence de cotisations pour environ 100 000 saisonniers cumulant des activités entre trois et six mois, d’après Pôle Emploi.
La réforme du revenu solidaire actif (RSA), adopté en novembre dernier, vise à conditionner l’accès du RSA à une activité minimale de 15 heures par semaine. Un rythme parfois incompatible avec des contrats saisonniers intensifs alternés avec des périodes chômées de congés, d’autant que le salarié saisonnier ne bénéficie pas de la prime de précarité du CDD classique.
Le syndicat déplore aussi une « pénurie » des personnels en charge de l’inspection du travail et de la médecine du travail, « facteurs de la détérioration de la santé des travailleurs ».